Un suspect de 19 ans a été mis en examen et placé en détention provisoire pour le meurtre d’un adolescent de 14 ans à Saint-Denis, a annoncé dimanche 21 janvier le parquet de Bobigny.
Vers 19 h 45 mercredi 17 janvier, un collégien de Saint-Denis de 14 ans, prénommé Sedan, avait été poignardé sur le quai du métro à la station Basilique de Saint-Denis, sur la ligne 13. Le jeune homme, grièvement blessé, est mort malgré un massage cardiaque effectué par les pompiers.
Le lendemain du drame, un jeune homme de 19 ans s’est rendu à la police judiciaire du département, chargée de l’enquête sur la mort de l’adolescent. Au terme de quarante-huit heures de garde à vue, il a été présenté samedi soir à un juge d’instruction du tribunal de Bobigny, qui a décidé de sa mise en examen et de son incarcération.
Le mis en cause, également habitant de Saint-Denis, a rapporté aux enquêteurs avoir croisé dans le métro un groupe de personnes « avec lequel il avait déjà eu des différends », dont faisait partie Sedan. « Il [l’auteur du coup de couteau] avait le sentiment que la situation allait dégénérer. Il s’armait d’un couteau et en frappait le premier membre du groupe », a détaillé le procureur de la République. Le jeune homme a ensuite pris la fuite par le métro.
Deux morts violentes pendant la même semaine dans la ville
Quelques heures avant ce meurtre, un lycéen de 18 ans avait été violemment agressé à coups de battes de base-ball devant son établissement scolaire, dans ce qui s’apparente à une « expédition punitive », selon la municipalité. La victime, Farid A., a succombé samedi à ses blessures. « S’agissant de ces faits, l’enquête de flagrance pour homicide volontaire se poursuit activement », a déclaré le parquet de Bobigny. Mais « aucun lien ne semble exister en l’état des investigations entre ce meurtre » et la mort de Sedan.
Ces deux morts violentes, dont les tenants exacts ne sont pas établis dans l’immédiat, se produisent sur fond d’affrontements entre jeunes de différents quartiers depuis plusieurs jours dans la commune de 113 000 habitants, la plus peuplée du département.
Samedi matin, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant l’hôtel de ville de Saint-Denis à la mémoire de Sedan. Cette manifestation, en présence de nombreux élus locaux, a été l’occasion de vibrants appels au calme et au refus de la violence, dans un contexte où les nerfs sont à vif.
« Je demande à tout le monde, à tous ses amis, pas de violence, pas de vengeance ! Pas au nom de Sedan, pas au nom de Saint-Denis, pas au nom d’un quartier qu’on s’approprie ! », a exhorté au micro le grand frère de Sedan, Mory, devant une foule majoritairement composée de jeunes. « Un petit frère, un fils, a perdu la vie. A 14 ans, écoutez bien, 14 ans », a-t-il dit. « Je vous appelle à respecter vos parents, à écouter, à ne pas faire de bagarre, à ne pas être violents, parce que souvent ça se termine mal ! », a-t-il insisté, gravement.
« Saint-Denis perd un autre de ses enfants. Il s’agit d’un drame absolu (…). Chacun doit prendre la mesure de sa responsabilité pour mettre fin au cycle de la violence », a appelé samedi soir la mairie de Saint-Denis dans un communiqué, martelant son « message » : « le refus de la violence entre et envers nos jeunes ».
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Le contexte tendu à Saint-Denis a entraîné un renforcement du dispositif policier et l’interdiction des regroupements par la mairie jusqu’à lundi. Les autorités ont aussi demandé aux parents d’élèves de garder leurs enfants à la maison durant le week-end. Le maire socialiste de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, a déclaré dimanche sur Franceinfo que tous les établissements scolaires de la commune seraient « sécurisés » pour le retour en cours lundi.