Un baron de la drogue mexicain revient sur les conditions de sa capture

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Les premières pages des journaux mexicains publient la nouvelle de la capture d’Ismael « El Mayo » Zambada, à Mexico, au Mexique, le 26 juillet 2024.

« J’ai été kidnappé et amené de force aux Etats-Unis, contre ma volonté. » Le « capo » de la drogue mexicain Ismael Zambada Garcia, alias « El Mayo », a tenu, dans une lettre diffusée par son avocat samedi 10 août, à faire taire les rumeurs selon lesquelles il se serait rendu aux autorités américaines. Les détails que le cofondateur du cartel du Sinaloa, donne sur les circonstances de son arrestation, par les autorités américaines, sur le tarmac d’un aérodrome d’El Paso (Texas) le 25 juillet suggèrent une trahison de la part de Joaquin Guzman Lopez, le fils de son allié historique aujourd’hui en prison, Joaquin Guzman Loera, alias « El Chapo ».

Les circonstances de l’arrestation d’« El Mayo », intouchable pendant les six décennies de sa carrière criminelle, sont encore troubles et sèment le malaise entre les autorités américaines et mexicaines. La version que le chef de cartel donne dans sa missive coïncide avec celle de Ken Salazar, l’ambassadeur américain au Mexique.

Ce dernier avait affirmé dans un communiqué diffusé la veille, vendredi 9 août, sur les réseaux sociaux que, si le fils d’« El Chapo » a bel et bien, lui, négocié sa propre reddition – on ignore encore tout des détails de cette négociation –, c’est bien « contre sa volonté » qu’« El Mayo » s’est retrouvé entre les mains de l’agence américaine de lutte contre le trafic de drogues (DEA). Et de préciser, pour répondre à l’agacement de l’exécutif mexicain qui affirme ne pas avoir été prévenu de l’opération, qu’aucun citoyen ni agent américain n’ont participé au transport des deux hommes jusqu’au Texas, et que les autorités américaines n’avaient pas été notifiées du plan de vol de l’avion.

L’ambassadeur concluait en soulignant que « l’arrestation de Ismael El Mayo Zambada et de Joaquin Guzman Lopez (…) représente une grande victoire » pour les deux pays. Victoire qui ne semble pas être le fruit d’une coopération bilatérale.

« Pris en embuscade »

L’attention se dirige désormais vers une thématique toute mexicaine. Les détails fournis par le chef de cartel sur les circonstances de son « kidnapping » de la part du « Chapito » – nom donné aux cinq fils d’« El Chapo », aujourd’hui à la tête de leur propre faction du cartel du Sinaloa – suggèrent la survivance de pratiques que le Mexique voudrait passées.

« El Mayo », leader historique d’un des cartels les plus meurtriers du Mexique, affirme qu’il avait accepté de se rendre à une réunion à l’invitation du « Chapito » Joaquin Guzman, « pour régler des différends entre des hommes politiques ». Et pas n’importe lesquels : le gouverneur du Sinaloa, Ruben Rocha, du parti présidentiel Morena, et Hector Melesio Cuen, ancien maire de Culiacan, la capitale, et aujourd’hui député de l’opposition. Si « El Mayo » ne mentionne pas avoir aperçu le gouverneur lors de son arrivée sur les lieux de la rencontre, il affirme bien avoir salué Hector Cuen, « un ami de longue date ».

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