un an après, enquête sur les intermédiaires de l’influence en France

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En décembre 2022, l’exubérant Tal Hanan, qui gère l’officine de désinformation israélienne Team Jorge, montrait sur un écran d’ordinateur des images du présentateur du journal de la nuit de BFM-TV Rachid M’Barki. Alors qu’il recevait, avec ses collègues, deux journalistes sous couverture enquêtant pour un consortium d’investigation, l’homme d’affaires se vantait de pouvoir placer des sujets dans des médias du monde entier, dont la chaîne d’informations en continu.

Un an après la publication de l’enquête coordonnée par Forbidden Stories, à laquelle Le Monde a participé, la vaste procédure judiciaire sur les ingérences étrangères ouverte par le Parquet national financier continue. Elle a mené, en décembre 2023, à la mise en examen de Rachid M’Barki pour abus de confiance et corruption privée passive, et tourne aujourd’hui surtout autour du rôle de certains lobbyistes français, dont Jean-Pierre Duthion, lui aussi mis en examen pour corruption.

Selon les informations du Monde, de Radio France et de Forbidden Stories, confirmant des articles du Parisien, c’est avant tout cet ancien fixeur en Syrie qui aurait sollicité le présentateur pour qu’il passe certains sujets à l’antenne, pour le compte de divers employeurs, au premier rang desquels le Qatar.

Au bout de plusieurs auditions, le journaliste a finalement reconnu, devant les enquêteurs, avoir été rémunéré à plusieurs reprises par Jean-Pierre Duthion, pour un total de 8 000 euros au maximum. Une partie de ces fonds proviennent, selon nos informations, du lobbyiste Nabil Ennasri, mis en examen dans ce dossier et soupçonné d’avoir agi pour le compte du Qatar en France. Selon les informations du Monde, Nabil Ennasri aurait également rémunéré mensuellement Jean-Pierre Duthion pendant près d’un an, à hauteur de 7 500 euros par mois.

Mainmise sur un député

Rachid M’Barki et Jean-Pierre Duthion ont opéré un véritable revirement depuis leurs auditions, en début d’année 2023, par une commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, au cours desquelles ils avaient nié toute forme d’influence et surtout de rémunération. Et ce, alors qu’une nouvelle mission flash, cette fois-ci sur les ingérences dans les médias, vient d’être officialisée par la commission des affaires culturelles. « Il y a eu un cheminement de la part de Jean-Pierre Duthion, une forme de prise de conscience, explique son avocat, Robin Binsard. Il a compris aujourd’hui qu’il était le maillon d’un système qui le dépasse. »

C’est également par l’intermédiaire de Jean-Pierre Duthion qu’est apparue une autre personnalité-clé de ce dossier : le député écologiste du Rhône Hubert Julien-Laferrière. Peu après la publication de Story Killers, Mediapart a révélé que l’élu ex-Génération écologie avait eu des contacts avec le lobbyiste et qu’il avait fait la promotion, à l’Assemblée, d’un étrange cryptoactif qui était, en réalité, une escroquerie.

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