« Trump ne comprend pas la nécessité de conserver un lien de sécurité fort avec les Européens »

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Pour combien de temps les Américains vont-ils continuer à honorer les garanties de sécurité contractées auprès des Européens dans le cadre de l’Alliance atlantique créée en 1949, il y a tout juste soixante-quinze ans ? L’hypothèse d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche en 2025 peut légitimement faire craindre que la protection américaine ne soit pas éternelle. « Non, je ne vous protégerai pas ! », aurait répondu le candidat Trump à un leader occidental lui demandant s’il défendrait un Etat européen attaqué par la Russie, mais dont le budget de défense serait au-dessous des standards de l’OTAN.

Déjà pendant son premier mandat, le président Trump tançait les Européens aux faibles dépenses militaires et montrait son irritation à devoir, comme le prévoit le traité fondateur de l’OTAN, leur assurer protection contre toute agression extérieure. Dans le contexte de la crise ukrainienne de 2014, les membres de l’OTAN avaient pris l’engagement de consacrer 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) à leur budget de défense à l’horizon 2024. Dix années plus tard, un gros tiers des 31 alliés ont atteint le seuil des 2%. Pour Donald Trump, les autres sont des « délinquants » et doivent « payer leurs dettes », suggérant au passage que sont confondus les budgets de dépense et d’éventuels arriérés de paiement au budget de fonctionnement de l’OTAN.

Mais ce qui se joue ici dépasse les questions financières. Ce sont la crédibilité, voire l’existence de l’Alliance atlantique qui sont susceptibles d’être remises en cause. Trump ne comprend ni la nécessité de conserver un lien de sécurité fort avec les Européens ni même l’utilité, politique et industrielle, de les maintenir dans une forme de dépendance. Il a indubitablement la culture politique de celui qui peut unilatéralement décider de la fin de l’Alliance sans conscience des nombreuses ramifications que l’instabilité européenne ainsi créée pourrait avoir sur la sécurité des Américains.

La crainte d’une sortie de l’OTAN est même sérieusement considérée au sein du Congrès américain, qui a adopté en décembre 2023 une loi visant à empêcher une décision unilatérale du pouvoir exécutif. Vladimir Poutine, quant à lui, doit espérer voir revenir un interlocuteur avec lequel il pourrait non seulement discuter, et le cas échéant décider du sort de l’Ukraine dans le dos des Ukrainiens et, bien sûr, dans celui des Européens, mais aussi soigneusement défaire la crédibilité de l’Alliance.

Espérer maintenir le lien

Pour les Européens, la question se pose, dès alors, de ce qu’ils doivent faire pour se prémunir d’une éventuelle défaillance américaine. Trois scénarios sont envisageables.

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