trois voix, trois abîmes, trois solitudes

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Les enfants de Gisèle Pelicot, David, Florian et Caroline Darian (écharpe rouge), avec l’avocat Antoine Camus, au palais de justice d’Avignon, le 18 novembre 2024.

Leur père, Dominique Pelicot, est désormais considéré comme l’un des plus grands pervers que ce siècle a porté. Du monde entier, affluent les soutiens à leur mère. Eux ont tout perdu. Lundi 18 novembre, David, le fils aîné, Caroline, la fille du milieu, et Florian, le petit dernier, ont témoigné devant la cour criminelle du Vaucluse. Trois voix. Trois abîmes de détresse. Trois solitudes, surtout.

Tout, chez David Pelicot, 50 ans, évoque son père. Le corps massif, le cou large, l’implantation des cheveux, et jusqu’à l’inflexion des sourcils. Le 2 novembre 2020, après sa sœur et avant son frère cadet, il a reçu un appel de sa mère, lui annonçant que son père l’avait livrée à des dizaines d’inconnus pour la violer. Les trois enfants ont pris le même train le lendemain matin pour rejoindre le commissariat de Carpentras où leur mère les attendait. Ensemble, ils ont vidé la maison de Mazan de tout ce qui évoquait leur père. Gisèle Pelicot est rentrée à Paris avec eux, « elle n’avait qu’une valise et son chien », se souvient David. De retour chez lui, il s’est effondré dans les bras de son épouse : « Mon père n’existe plus. »

De « cet homme », comme il le désigne désormais, et dont il a été si proche, David Pelicot a découvert pendant l’enquête, qu’il possédait dans son ordinateur une photo de son épouse, Céline, nue et enceinte de leurs jumelles, prise à son insu à leur domicile. Il a appris aussi que « cet homme » avait proposé avec insistance à son petit-fils, alors âgé de 3 ans, de « jouer au docteur » (une plainte est en cours). « Mais comment as-tu pu faire une chose pareille ? S’il te reste encore un peu d’humanité, dis-nous la vérité ! », lui crie-t-il. « Rien ! Rien ! j’ai rien fait ni sur mes enfants, ni sur mes petits-enfants ! », tonne Dominique Pelicot. Son fils se détourne. « Ce procès n’est pas uniquement celui de Gisèle Pelicot. J’espère que tu ne m’en voudras pas, maman, de dire ça. Il est celui de toute une famille anéantie. »

Florian lui succède à la barre. Même visage fin, même silhouette élancée que sa mère. « Tu disais qu’elle était une sainte. Mais toi, tu es le diable en personne, en fait ! Notre famille a complètement explosé. On fait comment ? C’est quoi le mode d’emploi ? », lance-t-il à l’homme du box. Au cadet de la fratrie, l’enquête a révélé que son père avait aussi photographié son épouse, Aurore, nue dans la salle de bains, et réalisé un photomontage avec son sexe sur le corps de la jeune femme. Son couple n’a pas survécu aux révélations, Aurore s’est constituée partie civile de son côté.

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