« Toutes et tous, prêtons main-forte aux nombreuses associations qui viennent en aide aux personnes exilées »

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« Mes amis, au secours ! » Il y a soixante-dix ans jour pour jour, notre fondateur, l’abbé Pierre, commençait par ces mots un appel radiophonique aux Françaises et aux Français, les appelant à la solidarité pour venir en aide aux « sans-logis ». La réponse, conséquence d’une prise de conscience collective sans précédent, fut un magnifique et spectaculaire élan de générosité, matérialisé par des millions de dons d’argent, de couvertures, de vêtements…

Soixante-dix ans plus tard, le mal-logement et le manque de places d’hébergement d’urgence engendrent toujours une souffrance quotidienne pour des millions d’entre nous. Soixante-dix ans plus tard, nous, héritières et héritiers de l’abbé Pierre, membres du mouvement Emmaüs, accueillons et accompagnons des milliers de personnes en difficulté chaque année, et dessinons les contours d’une société plus hospitalière, solidaire et écologique.

Aujourd’hui, 1er février 2024, fidèles à l’injonction de l’abbé Pierre de « servir premier le plus souffrant », nous souhaitons alerter sur la situation des personnes exilées, et sur l’impérieuse nécessité de changer notre regard sur elles. Depuis trente ans, les politiques publiques en matière d’accueil des personnes exilées vont invariablement dans le même sens : fermeté, répression, restrictions des droits et maltraitance.

La pratique d’un accueil inconditionnel

Les rapports se succèdent pour en attester, et les critiques que s’attire l’Etat français pour ses pratiques inhumaines et indignes émanent des autorités les plus respectées : Défenseur des droits, commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, ou encore Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés… Et malgré ces politiques prétendument dissuasives, on estime qu’ils sont près de trente mille, femmes, hommes et enfants, à avoir perdu la vie au cours de la dernière décennie, en tentant de traverser la mer Méditerranée. Nous ne croyons pas qu’une société accueillante soit la solution : nous le savons ! Nous, héritières et héritiers de l’abbé Pierre, pratiquons l’accueil inconditionnel et accompagnons des personnes sans distinction de genre, d’origine ou de religion.

A Emmaüs, comme dans de nombreuses organisations solidaires, nous participons modestement à prouver que les personnes qui se sont arrachées à leur terre d’origine et à leurs proches viennent seulement chercher une vie plus digne et un avenir meilleur. Celles et ceux qui déclarent sans ciller que l’on ne devrait pas envoyer des bateaux au secours des naufragés en Méditerranée se sont-ils demandé un seul instant ce qu’ils auraient fait à leur place ? Probablement pas, parce qu’ils sont nés au « bon endroit ».

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