touchée par des bombardements, Belgorod se sent méprisée par Moscou

3199


Des volontaires d’une unité d’autodéfense près d’une voiture endommagée à la suite d’une attaque aérienne, à Belgorod (Russie), le 22 mars 2024.

Centre logistique de l’invasion russe contre l’Ukraine, Belgorod et sa région sont régulièrement bombardées par l’artillerie ukrainienne depuis quelques mois. La fréquence des bombardements a encore augmenté au moment de l’élection présidentielle russe à la mi-mars. Selon le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, 24 personnes ont été tuées et plus de 150 blessées au cours des deux dernières semaines. L’intensité des combats pourrait s’accroître, alors que l’armée russe projette un encerclement de la ville ukrainienne de Kharkiv, qui compte 1,4 million d’habitants et se trouve à 60 kilomètres au sud de Belgorod.

Le président russe, Vladimir Poutine, n’a évoqué la situation de Belgorod que le 20 mars, pour transmettre « des mots de gratitude et d’admiration » aux habitants de la ville. L’autocrate, qui prend soin de toujours mettre une grande distance entre sa personne et le front, n’a pas visité Belgorod depuis 2017. Le mécontentement local monte sur les réseaux sociaux, relayé uniquement par des médias indépendants basés hors du pays. Certains rebaptisent leur ville « Blastgorod » de l’anglais blast (« explosion ») et du russe gorod (« ville »).

Pour couronner le tout, des bombes russes s’ajoutent aux ukrainiennes. Selon le média indépendant russe Astra, l’aviation russe a largué cinq bombes sur la région de Belgorod – où se déroulaient des combats –, causant d’importants dégâts. En 2023, une bombe russe d’une demi-tonne larguée par erreur avait déjà creusé un énorme cratère sur une voie rapide de Belgorod. Mal réparée, la chaussée forme désormais un dangereux tremplin pour les véhicules, comme l’atteste une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, ce qui s’ajoute aux griefs des habitants envers les autorités.

« Fermez-la, saletés ! »

Les plaintes sont parvenues jusqu’aux oreilles de l’un des principaux thuriféraires du régime, le présentateur Vladimir Soloviev. La réponse fut cinglante. « Fermez-la, saletés ! », s’est emporté le propagandiste sur le plateau de son émission « Soloviev Live » le 25 mars, dans une de ces diatribes qui le caractérisent. D’après lui, les mécontents sont « une grande quantité de saletés se faisant passer pour des blogueurs », dont l’objectif est de « briser notre unité » en faisant croire que « le pouvoir fédéral a oublié Belgorod ».

La réaction fut immédiate. Quelque 2 500 commentaires sont apparus sur le site de son émission « Soloviev Live ». Le plus souvent, le présentateur est invité à Belgorod pour observer la situation de ses propres yeux. Quelques heures plus tard, la plate-forme a été fermée aux commentaires.

Il vous reste 23.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link