Tensions entre Athènes et Tirana autour d’un maire gréco-albanais condamné pour fraude électorale

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Le premier ministre albanais, Edi Rama, s’exprime lors de la cérémonie de remise du prix international Charlemagne 2024 à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, le 9 mai 2024.

Dimanche 12 mai, le premier ministre albanais, Edi Rama, commence à Athènes une tournée européenne à destination de la diaspora albanaise. En vue des élections de mai 2025, M. Rama voudrait mettre en place un vote électronique pour les ressortissants albanais vivant à l’étranger. Mais la visite du premier ministre, alors que le torchon brûle entre Athènes et Tirana, n’est pas vue d’un bon œil côté grec. « Dans la conjoncture actuelle et compte tenu des élections européennes, cette visite me semble plutôt inadéquate », a estimé, mercredi 8 mai, le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, dans un entretien au journal Proto Thema.

Sur le réseau social X, Edi Rama a cependant répondu que sa « prochaine visite à Athènes le 12 mai n’a aucun rapport avec les affaires intérieures de la Grèce, et les élections au Parlement européen (…). Elle fait partie d’une série de visites planifiées de longue date dans plusieurs pays européens ».

Pour la presse grecque, le chef du gouvernement albanais voudrait en réalité influencer le vote des dizaines de milliers d’Albanais qui participent aux élections européennes le 9 juin et les inciter à ne pas soutenir le parti conservateur au pouvoir en Grèce, Nouvelle Démocratie, qui a désigné comme candidat pour les élections européennes Fredi Beleri, un maire gréco-albanais condamné en Albanie à une peine de prison pour fraude électorale. Depuis les années 1990, environ 700 000 Albanais se sont installés en Grèce, ce qui représente 60 % de la population étrangère en Grèce.

Dans une tribune publiée par le journal Kathimerini, Panagiotis Ioakeimidis, ancien conseiller du ministère des affaires étrangères grec, juge que « la principale épine dans la normalisation complète des relations entre Athènes et Tirana reste le (non-)respect par l’Etat albanais des droits de la minorité grecque du sud de l’Albanie, mais aussi la perception de la partie albanaise que la Grèce a des visées irrédentistes sur la minorité grecque d’Albanie d’ailleurs encore décrite aujourd’hui par les médias grecs comme des Epiriotes du nord (l’Epire étant la région frontalière entre les deux pays) ».

« Alors que les Balkans occidentaux sont menacés d’une nouvelle explosion généralisée (voir le résultat des élections en Macédoine du Nord) et que des forces extérieures (Russie, Chine) tentent de s’imposer, la Grèce a le devoir d’agir comme un acteur de stabilisation et non de jeter l’huile sur le feu… », ajoute Panagiotis Iokeimidis dans son analyse. Or, l’affaire Beleri n’a fait qu’agiter les nationalismes dans les deux pays voisins.

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