Sextape dans « Le Monde », de l’objet de moquerie à la multiplication des chantages

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Mathieu Valbuena et Karim Benzema (ici le 30 juin 2014), deux footballeurs impliqués dans une affaire de chantage à la sextape.

Le mot « sextape » a fait une incursion dans l’actualité là où on ne l’attendait pas. Au Sénat. Gérard Larcher, le président de la Chambre haute du Parlement, vient de ­saisir le procureur de la République après la publication d’un article du Canard enchaîné, où il est révélé qu’une procédure de licenciement est en cours à l’encontre d’un médecin de la Haute Assemblée ayant porté à la connaissance de sa direction l’existence d’une vidéo intime impliquant un sénateur (non nommé). Soit une « sextape ». Comme on peut facilement l’imaginer, ce terme, solidaire des nouvelles technologies, du moins de la démocratisation des caméras, effectue tardivement son ­apparition dans Le Monde. Il faut attendre le 24 octobre 2011 pour que l’anglicisme apparaisse dans le quotidien du soir.

Dans un article intitulé « “Guignols”, le coup de vieux », Jean-Baptiste de Montvalon constate qu’au moment où elles s’apprêtent à couvrir leur quatrième campagne présidentielle, les marionnettes de Canal+ ne suscitent plus autant l’intérêt du public qu’autrefois. Et le journaliste d’évoquer l’édition en DVD des morceaux choisis de l’émission qui ne fait plus autant recette : « Le dernier DVD écoulé, La Sextape des Guignols (DSK en peignoir léopard, cigare à la main, sur la jaquette) fait parfois sourire, plus rarement rire. » Nous sommes après la fameuse affaire DSK et du Sofitel de New York. Les Guignols vont sur les lieux du scandale, pour ce qui aurait été sans doute la plus célèbre « sextape » de l’histoire, provoquant la mise à l’écart du possible candidat à l’élection présidentielle, mais cette promesse n’intéresse plus personne. Du moins, si elle est mise en scène avec les fameuses marionnettes.

En janvier 2014, dans un article titré « Comment fait-on l’amour au cinéma ? », Thomas Sotinel décrit comment « en treize ans, le statut de l’imagerie érotique et pornographique a profondément changé. Elle est maintenant à portée d’ordinateur ou de téléphone portable dans toute sa variété, impliquant aussi bien des professionnels du sexe, des amateurs ou des célébrités (les “sextapes”, diffusées à l’insu ou au plein gré des intéressés). » Et de citer « la jeune star ­hollywoodienne Shia LaBeouf (Transformers, Indiana Jones), qui tient l’un des principaux rôles masculins de Nymph ()maniac, [et qui] s’est vanté d’avoir envoyé une “sextape” à Lars von Trier pour le convaincre de son aptitude à incarner le personnage ».

Feuilleton footballistique

Le 7 novembre 2015, la « sextape » réapparaît dans le journal, dans le cadre d’une piteuse histoire qui va se transformer en feuilleton interminable. Avec une enquête intitulée « Karim et les “parasites” », Rémi Dupré fait état de la mise en examen de l’attaquant du Real Madrid Karim Benzema dans une affaire de chantage à la « sextape », une vidéo dont son coéquipier en équipe de France Mathieu Valbuena serait le protagoniste et, désormais, la victime. Didier Deschamps, le sélectionneur tricolore, a renoncé à convoquer les deux joueurs après que le buteur des Bleus a reconnu être intervenu comme intermédiaire entre les maîtres chanteurs et Mathieu Valbuena.

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