Qui est vraiment Aïnoha Pascual, l’avocate des Soulèvements de la Terre

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Artisane de la survie des Soulèvements de la Terre

Le 9 novembre, une grande banderole s’est déployée devant le Conseil d’Etat. On y lisait deux mots : « Et paf ! » C’est par cette exclamation que les Soulèvements de la Terre, collectif écologiste, ont crié victoire : la plus haute juridiction administrative venait d’annuler définitivement leur dissolution, prononcée par décret en conseil des ministres le 21 juin. Aïnoha Pascual n’était pas de la partie ce jour-là, elle s’est simplement réjouie dans un tweet : « C’était un honneur de porter ce combat pour les libertés à vos côtés ! » Car elle a été l’une des principales artisanes de l’annulation de ce décret : l’avocate de 34 ans a défendu les Soulèvements de la Terre, aux côtés de Raphaël Kempf. Aujourd’hui, elle s’impose comme l’une des principales défenseuses des mouvements activistes de gauche en France.

Grande gueule du collège

Les professeurs de son collège, à Strasbourg, le lui avaient prédit : elle deviendrait syndicaliste ou avocate. « Je passais mon temps à contester les injustices de la classe, de la surcharge de devoirs à la mauvaise note d’un élève qui avait des problèmes à la maison », plaisante Aïnoha Pascual aujourd’hui. A l’époque, elle ignore ce que « syndicaliste » veut dire et choisit plutôt une prépa scientifique. Elle passe et réussit le concours d’architecture, puis bifurque en droit public. « J’ai prêté serment en 2015, en plein état d’urgence, et c’est par le prisme des libertés publiques que je me suis intéressée à ce qui se passe dans la rue, lors de manifestations », retrace-t-elle. Un an après éclate le mouvement de contestation contre la loi « travail » défendue par le gouvernement de Manuel Valls, et elle commence à défendre les manifestants interpellés ou blessés lors des journées de mobilisation.

Petite-fille de républicains espagnols

Aïnoha Pascual insiste, elle défend des personnes, pas des causes. « J’ai aussi rédigé beaucoup de recours dénués de dimension politique », assure-t-elle. Elle ne rejette pourtant pas le qualificatif d’avocate « engagée ». De fait, ses clients les plus emblématiques ont en commun leur engagement à gauche : zadistes de Notre-Dame-des-Landes, Bloc lorrain (mouvement anticapitaliste), Nantes révoltée (média d’extrême gauche), Soulèvements de la Terre, manifestants contre la loi « travail », puis contre la réforme des retraites… « J’aurais du mal à défendre des mouvements de droite, trop éloignés de mes opinions politiques », admet-elle. Des opinions qu’elle doit en partie à l’histoire de sa famille : son nom, Pascual, est en réalité un pseudonyme emprunté par son grand-père, républicain espagnol, qui cherchait à fuir la dictature de Franco.

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