Pour les négociations d’adhésion à l’Union européenne, Kiev peut attendre

4511


LETTRE DE BRUXELLES

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et le président du Conseil européen, Charles Michel, dans le cadre d’un sommet de l’UE à Bruxelles, le 9 février 2023.

Ursula von der Leyen est en campagne. Depuis qu’elle a officialisé sa candidature, le 19 février, la présidente de la Commission, qui brigue un second mandat après les élections européennes, prévues du 6 au 9 juin, se montre nettement moins volontariste sur la question de l’élargissement de l’Union européenne (UE) à l’Ukraine.

Jusqu’ici, l’ex-ministre d’Angela Merkel a plaidé sans relâche la cause de Kiev auprès des Vingt-Sept, n’hésitant pas, s’il le fallait, à s’engager au-delà de ce que les Etats membres étaient alors prêts à faire. Quand, très vite après l’invasion russe du 24 février 2022, elle avait affirmé que l’Ukraine « faisait partie de la famille européenne », Paris et Berlin, nettement moins allants, s’étaient sentis brusqués.

Maintenant qu’elle a besoin du soutien des chefs d’Etat et de gouvernement européens pour être reconduite, Ursula von der Leyen prend soin de ne pas les fâcher. Le 21 février 2024, elle s’est montrée d’une grande prudence sur la suite du processus qui doit permettre à Kiev, officiellement candidat à l’adhésion depuis juin 2022, de rejoindre l’UE. Le cadre de négociations, une feuille de route politique des négociations, « ne sera pas prêt avant les élections européennes », mais « plutôt aux alentours de l’été », a-t-elle ainsi affirmé, quand, il y a peu, elle évoquait encore le mois de mars.

Envoyer un signal politique fort

L’adoption de ce texte marque le lancement formel des négociations avec un pays candidat. Elle doit se faire, à l’unanimité des Vingt-Sept, à l’occasion d’une conférence intergouvernementale, dont la convocation par la présidence tournante du Conseil de l’UE nécessite, elle aussi, l’unanimité. Or, au deuxième semestre, c’est la Hongrie qui sera aux manettes, et on l’imagine mal, à ce stade, précipiter les opérations, alors que son premier ministre, Viktor Orban, martèle que l’Ukraine – « corrompue » et « en guerre » – n’a pas sa place en Europe.

Par ailleurs, ajoute un diplomate européen, le cadre de négociations devra traiter de sujets difficiles, « comme la protection de la minorité hongroise en Ukraine ou le fait de savoir si les territoires ukrainiens aujourd’hui occupés par la Russie devront adopter l’acquis communautaire ».

Depuis le début de la guerre, la Commission a toujours eu le pied sur l’accélérateur et, quitte à prendre certaines libertés avec les traités, les Vingt-Sept, même les plus rétifs à tout nouvel élargissement, comme la France, ont suivi. Ainsi, dès juin 2022, ils accordaient le statut de candidat à Kiev, qui ne remplissait pourtant pas les conditions pour l’obtenir, que ce soit en matière de respect de l’Etat de droit, de lutte contre la corruption, de respect des minorités ou d’indépendance de la justice. Mais l’important était de l’ancrer dans l’UE et d’envoyer un signal politique fort, à Kiev comme à Moscou.

Il vous reste 57.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link