« Pour la création du Navire Avenir, premier d’une flotte mondiale de sauvetage en haute mer »

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Quelle que soit leur localisation sur le continent européen, nos musées, théâtres, centres d’art, festivals donnent sur la mer Méditerranée. Nos institutions donnent sur ce berceau de notre civilisation, espace d’invention de nos écritures et de leurs métissages sans fin, lieu de mémoire des textes, chants et souffles traversant tant d’œuvres qu’aujourd’hui nous mettons en partage.

Les parvis qui mènent jusqu’à nos bâtiments donnent sur la haute mer et les naufrages incessants qu’elle connaît, et il n’est pas une seule de nos scènes qui n’ait récemment fait retentir l’ampleur et la portée de cette tragédie, l’une des plus sourdes et terrifiantes des temps présents.

Mais, plus fondamentalement encore, il n’est pas un seul de nos cahiers des charges qui n’énonce quasi littéralement la promesse que, sur cet horizon maritime, il en soit tout autrement : nous assumons comme mission de service public, par le soutien au renouvellement incessant de la création, la perpétuation du fait civilisationnel, c’est-à-dire de tout ce qui nous relie.

Cette « mer d’entre les terres »

C’est l’une des singularités de nos architectures : ici, les portes ne veulent tenir à distance quelque altérité que ce soit, mais s’ouvrent grand sur l’humanité que nous avons toutes et tous en commun. C’est ce qui fait l’impérieuse nécessité des lieux dont nous avons la responsabilité : rien d’autre que les œuvres, qu’elles soient écrites, dansées, exposées, chantées, projetées, performées, contées, ne porte cette vitale ambition de nous faire respirer ensemble, quelles que soient nos provenances et les idées que l’on se fait de nos destinations.

Alors sans doute que chacune de ces œuvres nous rappelle à la mer Méditerranée, cette « mer d’entre les terres », cette étendue qui relie les rives avec une infinie beauté, cet horizon qui fait notre respiration. Que la mort s’y déploie comme un programme anéantit tout ce que nous portons et ce qui nous porte.

Un collectif se présente aujourd’hui à nous avec, dans les bras, la maquette au 100e d’un navire et, en tête, l’idée que nous puissions en soutenir la réalisation à échelle 1/1, et inaugurer alors ensemble ce catamaran de 69 mètres de long un beau jour de 2025.

Il s’agit de la maquette du Navire Avenir, premier navire d’une flotte mondiale de sauvetage en haute mer, outil pionnier d’intervention imaginé notamment avec marins sauveteurs, rescapés, soignants, architectes, juristes, chercheurs et étudiants d’écoles d’art, de design, d’architecture d’Europe entière [qui doit être présenté le 18 octobre sur la piazza du Centre Pompidou à Paris].

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