C’est le genre de nouvelle que les gouvernements se gardent de rendre publique de peur d’être contredits par les faits et d’en payer le prix politique. En dépit d’une période particulièrement agitée, marquée par un risque d’embrasement au Proche-Orient et le nouvel assassinat d’un enseignant, Dominique Bernard, le 13 octobre, à Arras, les services de renseignement français ne constatent pas « de frémissement de la menace » au sein de l’islam radical. S’ils parlent « d’une menace endogène exacerbée », celle-ci existait déjà avant l’attaque du Hamas du 7 octobre contre Israël.
C’est l’une des leçons tirées de la synthèse réalisée, selon nos informations, par le ministère de l’intérieur après avoir reçu des éléments sur l’état de la menace de la direction générale de la sécurité intérieure, du renseignement territorial et de la direction du renseignement de la Préfecture de police de Paris. Beauvau a ensuite transmis ses conclusions au préfet Pascal Mailhos, chargé, auprès du chef de l’Etat, de coordonner le renseignement et la lutte contre le terrorisme.
Par nature, dans un domaine où la prévision est souvent périlleuse et alors que les actes antisémites se sont multipliés depuis le 7 octobre, cet exercice d’analyse est délicat. Mais il rappelle qu’il existe souvent un décalage entre l’approche pleine de sang-froid des fonctionnaires en charge de la sécurité, attachés aux faits, et un discours politique public qui tend souvent à dramatiser la situation, à la fois pour appeler à la vigilance mais aussi pour éviter d’être pris en porte-à-faux si d’aventure les choses tournaient mal.
Appels d’Al-Qaida et de l’EI
Les services français ont cherché à vérifier si l’attaque du Hamas contre Israël et les bombardements israéliens contre la bande de Gaza avait pu avoir un écho, en France, auprès des milieux radicaux et autres sympathisants de la mouvance djihadiste. Le 13 octobre, Al-Qaida avait invité, par ses canaux habituels de communication, à l’extension du djihad global. Le 20 octobre, c’est l’organisation Etat islamique qui tentait de surfer sur l’onde de choc provoquée par les événements survenus au Proche-Orient. Elle appelait, ce jour-là, à œuvrer contre les intérêts juifs dans le monde et à frapper les gouvernements « apostats » qui apporteraient leur soutien à Israël.
A en croire les conclusions des services de renseignement, le soutien exprimé dans les rues françaises, autorisé ou non, a porté, avant tout, sur la cause palestinienne et non sur les actions terroristes du Hamas. Les drapeaux et les slogans étaient aux couleurs et au nom de la Palestine. Les services disent ne pas avoir relevé la présence des étendards verts du Hamas ou noir du Jihad islamique au sein de la foule. De même, si la violence des mots contre Israël s’est déchaînée sur les réseaux sociaux ou des groupes sur les messageries cryptées, c’est la colère contre le sort réservé aux Palestiniens qui a prévalu.
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