nouvelles frappes sur Rafah, malgré l’indignation après le bombardement meurtrier d’un camp de réfugiés

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Après la frappe israélienne sur un camp de déplacés, à Rafah, le 27 mai 2024.

Il a fallu près de vingt heures pour que le gouvernement israélien déplore, lundi 27 mai, la mort de civils palestiniens dans le bombardement meurtrier, la veille, d’un village de tentes sur la côte de Gaza. Dans une rare concession, face à une vague d’indignation à l’étranger, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a déploré dans la soirée, devant le Parlement israélien, un « accident » ou une « erreur tragique », usant d’un mot hébreu qui recouvre ces deux traductions, et qui désigne en l’occurrence une procédure fautive. Entre-temps, seul le bureau du procureur militaire avait exprimé des regrets pour ces morts civiles.

Des journalistes affiliés à la droite radicale israélienne, soutiens acharnés du premier ministre, avaient pour leur part suscité la consternation en saluant ces frappes et l’incendie qu’elles ont causé, au soir où Israël célébrait Lag Baomer, fête juive des feux de joie et de la fin des deuils, propice aux vœux.

Ce drame a été rapidement suivi d’un regain inquiétant de tensions à la frontière avec l’Egypte : lundi, des échanges de feu entre soldats israéliens et égyptiens ont eu lieu près du poste-frontière de Rafah, fermé depuis que l’armée s’est arrogé le contrôle de sa partie palestinienne, le 6 mai. Un soldat égyptien a été tué. Les deux gouvernements ont peu commenté l’événement, paraissant chercher à en minimiser la portée.

Selon le ministère de la santé à Gaza, l’attaque sur le camp de tentes a fait 45 morts et 249 blessés. Un tel bilan n’est pas exceptionnel dans cette guerre, même si le décompte quotidien des morts a perdu de l’ampleur depuis le printemps. L’armée frappe par ailleurs régulièrement les zones peuplées de la région de Rafah, y compris depuis l’assaut terrestre qu’elle y mène depuis le 6 mai, afin de se rendre maître de la frontière entre Gaza et l’Egypte. Mardi, ces frappes se sont poursuivies dans le centre et l’ouest de la zone.

L’armée nie avoir frappé la « zone sûre »

Cependant les images terrifiantes de cet incendie, celles du corps sans tête d’un enfant porté par un homme en pleurs – dont Le Monde, interdit d’accès à l’enclave comme l’ensemble de la presse internationale, n’a pu vérifier l’authenticité –, et celles de déplacés brûlés par le plastique en fusion de leurs tentes, ont suscité un choc, à l’heure où Israël prétend encore mener une opération lente et prudente à Rafah.

En trois semaines, l’Etat hébreu a accompli le déplacement forcé de population le plus massif de sa guerre, après le dépeuplement de la moitié nord de l’enclave, fin 2023. L’armée a chassé 1 million de personnes de Rafah, pour la plupart des familles déjà déplacées à plusieurs reprises d’autres abris éphémères. Au passage, elle a fait voler en éclats la fragile architecture d’aide internationale qui s’y était basée au fil des mois, mettant en péril les distributions humanitaires dans l’ensemble de l’enclave.

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