Nommer une école Samuel-Paty, un acte symbolique et souvent discuté

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Le collège du Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), lors d’une cérémonie en l’honneur de Samuel Paty, le 14 octobre 2024.

A Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le collège du Bois-d’Aulne, où Samuel Paty enseignait, devrait bientôt porter le nom du professeur d’histoire-géographie assassiné par un terroriste islamiste, le 16 octobre 2020. Le conseil d’administration du collège s’est prononcé pour en septembre, le conseil municipal également. Le conseil départemental, instance décisionnaire sur le sujet, doit statuer vendredi 18 octobre.

L’idée de ce changement de nom est posée très vite après l’attentat, les parents de Samuel Paty y sont favorables, mais, au sein du collège, cette nouvelle dénomination divise alors. Le choix est fait de temporiser : seul le CDI prend le nom du professeur assassiné. « Un deuil prend du temps. (…) Il faut du temps pour que l’on puisse voir ce nom tous les jours sans que cela nous fasse trembler ou pleurer. (…) Samuel Paty n’est pas un symbole pour nous, mais un collègue », remarque Suzanne (le prénom a été modifié), professeure au Bois-d’Aulne, dans le podcast de France Inter « Samuel Paty, l’école face au terrorisme ».

Les derniers élèves de 6e qui ont connu Samuel Paty ont quitté l’établissement en juin et sont désormais au lycée. Les élus locaux jugent le moment opportun. « Quatre ans après, nous pouvons avancer sur ce changement de nom avec davantage de sérénité », estime ainsi Laurent Brosse, maire (Horizons) de Conflans-Sainte-Honorine et conseiller départemental.

Manque de concertation

Des parents d’élèves restent circonspects, même si cette position est difficile à assumer tant la charge symbolique est forte. « Le temps fait son œuvre, mais les enfants, les parents, les riverains qui ont vécu l’événement sont encore très marqués », remarque Cécile Ribet-Retel, présidente de la PEEP à Conflans-Sainte-Honorine. Elle regrette qu’un travail d’accompagnement et de concertation avec l’ensemble de la communauté éducative n’ait pas été proposé.

A côté de la situation – singulière par essence – du Bois-d’Aulne, neuf écoles et un collège ont pris le nom de Samuel Paty dans huit villes depuis quatre ans. Cinq autres sont situés sur un parvis, une esplanade ou une allée qui porte le patronyme du professeur décapité, selon des données fournies par le ministère de l’éducation nationale. Le futur lycée de Montévrain (Seine-et-Marne) devrait porter le nom de l’enseignant assassiné, a annoncé la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, en avril 2024.

Excepté à l’école de Buxières-les-Mines (Allier) renommée en 2022, où les parents de Samuel Paty ont enseigné, ces établissements n’ont pas de lien direct avec le professeur d’histoire-géographie. L’initiative de cette dénomination vient des élus locaux, qui y voient un acte politique fort face au terrorisme. « Quoi de plus juste que de donner le nom d’un professeur à une école », affirme ainsi Michaël Delafosse, le maire socialiste de Montpellier, par ailleurs professeur d’histoire-géographie. Une école de la ville porte le nom de Samuel Paty depuis la rentrée 2021. Le parvis d’un des collèges doit prochainement prendre le nom de Dominique Bernard, le professeur de lettres assassiné par un terroriste à Arras (Pas-de-Calais), en octobre 2023. « Nos choix ne peuvent pas être guidés par la peur », assène l’édile, très impliqué sur la défense de la laïcité.

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