la campagne à hauts risques d’Ursula von der Leyen

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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Münster (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), le 28 mai 2024.

Pendant que, de Rome à Paris, en passant par Berlin, Madrid ou Varsovie, tous les chefs des partis sont concentrés sur les élections européennes, prévues du 6 au 9 juin, Ursula von der Leyen mène une autre campagne, pour sa reconduction à la présidence de la Commission européenne. Moins visible, elle n’en est pas moins déterminante.

Depuis que le Parti populaire européen (PPE), qui rassemble les droites européennes, a fait de l’ex-ministre d’Angela Merkel sa candidate pour prendre les rênes de l’exécutif communautaire entre 2025 et 2029, Ursula von der Leyen sillonne l’Europe. Avec un objectif qui relève d’un exercice d’équilibriste : défendre les couleurs de sa formation sans fâcher ceux dont elle aura aussi besoin pour l’emporter.

Pour qu’elle soit reconduite, il faut déjà que le PPE reste la première force politique au Parlement européen, ce qui, à en croire les sondages, est acquis. Mais ce n’est pas tout : Ursula von der Leyen devra ensuite être nommée par les chefs d’Etat et de gouvernement européens à la majorité qualifiée et investie par au moins 361 des 720 eurodéputés qui sortiront des urnes le 9 juin. Les jeux ne sont pas faits et elle a beau étudier tous les scénarios, elle n’a pas encore trouvé celui qui lui assurerait une victoire. Loin s’en faut.

A la table des chefs d’Etat et de gouvernement, hormis le Hongrois Viktor Orban, qui s’oppose à sa nomination, l’ambiance lui est plutôt favorable, en tout cas tant qu’elle essaye de donner les gages qu’attendent ses « grands électeurs ». Car les Vingt-Sept, notamment ceux qui ne sont pas dans son camp politique, comptent bien monnayer au plus cher leur soutien.

Ambiguïté constructive

Ursula von der Leyen soigne particulièrement le chancelier allemand, Olaf Scholz, et Emmanuel Macron, qui cherchent à maximiser leur influence à Bruxelles en imposant leurs priorités ou en s’assurant certains hauts postes au sein de l’administration communautaire. Quand elle peut satisfaire à leurs exigences sans fâcher l’un ou l’autre, elle le fait. Ainsi, elle est aujourd’hui prête à prendre dans son futur cabinet un proche de l’Elysée.

Mais il est des sujets sur lesquels la présidente en campagne ne peut s’aventurer tant ils divisent Paris et Berlin. On ne l’a pas entendue sur la proposition d’Emmanuel Macron de doubler le budget communautaire afin de financer la montée en puissance de l’industrie de la défense européenne, en ces temps de guerre en Ukraine, ainsi que sur les transitions verte et numérique. Elle ne s’est pas non plus avancée sur le traitement que l’Union européenne doit réserver à la Chine, alors que l’Allemagne fait pression pour un agenda plus favorable au commerce.

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