« Nétanyahou s’est révélé comme un premier ministre nocif, mais aussi comme l’un des plus faibles du pays »

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Après le vote de la Knesset, le 24 juillet, limitant le pouvoir de la Cour suprême d’invalider des décisions du gouvernement au motif qu’elles seraient « déraisonnables », Israël est suspendu au verdict des juges qui doivent se prononcer, en septembre, sur la validité de cette mesure. En attendant l’issue de cette crise, tentons d’évaluer le bilan du gouvernement opérationnel depuis décembre 2022.

Sautent immédiatement aux yeux les dégâts que Benyamin Nétanyahou a causés aux intérêts de l’Etat et à sa démocratie. Son bilan est désastreux. Même si le projet d’émasculation de la Cour suprême n’aboutit pas, Nétanyahou a d’ores et déjà instillé dans l’esprit de beaucoup d’électeurs une profonde méfiance envers le système judiciaire, seul contre-pouvoir institutionnel en Israël. Il a réussi à vendre ses contre-vérités sur les juges « qui se nomment eux-mêmes » et qui « empêchent l’exécutif de gouverner ».

Il a ébranlé la démocratie, fracturé la société en la menant au bord de la guerre civile, affaibli l’économie et éloigné de nombreux réservistes qui n’entendent pas servir sous un régime autoritaire. Mais il n’en a cure. Son principal souci est de continuer à gouverner, en retardant le plus longtemps possible l’issue de son procès pour fraude, corruption et abus de confiance.

Il peut également se vanter d’avoir été le premier à briser un tabou vieux de plus de quarante ans interdisant aux leaders politiques qui se réclament du rabbin raciste Meir Kahane de se présenter aux élections à la Knesset. Itamar Ben Gvir, fidèle disciple de Kahane, et dont la principale obsession est sa haine des Arabes et des manifestants, a obtenu l’important ministère de la sécurité nationale. Le premier ministre a également ouvert grandes les portes à un autre trublion, Bezalel Smotrich, issu du courant extrémiste « hardal » ultranationaliste et ultraorthodoxe, en lui confiant les finances et le poste de ministre délégué à la défense.

Calculs hasardeux

Lui – le « Kosem » (le magicien), comme le surnomment ses partisans – à qui tout réussit s’est coupé de ses anciens associés de droite, au point de n’avoir plus comme alliés que les représentants de partis obscurantistes, dont deux pyromanes qui n’ont d’autres soucis que de mettre la Cisjordanie à feu et à sang. Nétanyahou s’est révélé non seulement comme un premier ministre nocif, mais également comme un des plus faibles d’Israël. Davantage encore que le velléitaire, mais honnête, Levi Eshkol (au pouvoir de 1963 à 1969). Nétanyahou s’est placé dans une situation qui l’oblige à satisfaire les appétits sans limites d’alliés politiques qui n’ont cure de la démocratie.

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