Nadine Cerf-Bensussan, pionnière de la recherche sur l’intestin et le microbiote

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Lorsque Nadine Cerf-Bensussan commence à s’intéresser à l’intestin dans les années 1980, le sujet ne fascine guère le monde de la recherche, le microbiote n’est pas encore à la mode. La médecin et chercheuse, elle, est déjà convaincue du rôle crucial de cet organe, du microbiote intestinal et sa myriade de micro-organismes, principalement des bactéries. « Avec une surface estimée entre 35 et 70 mètres carrés, l’intestin est notre principale interface avec le milieu extérieur », rappelle-t-elle.

Nadine Cerf-Bensussan, à l’Institut Imagine, à Paris, en octobre 2023.

Fin 2023, Nadine Cerf-Bensussan s’est vu décerner le grand prix Inserm. « Je ne m’y attendais pas du tout, confie-t-elle, quand Didier Samuel – le président de l’Inserm – m’a appelée, je pensais qu’il allait me demander de passer la main »… Elle l’a vu comme « une récompense pour son domaine de recherche et son équipe. C’est un peu comme si l’intestin avait eu le prix », précise-t-elle, en souriant. « J’avais déjà eu le prix recherche Inserm en 2014, je pensais que c’était suffisant… », ajoute-t-elle, avec une grande humilité.

« Nadine avait raison dès le début sur le fait que le système immunitaire au contact de la muqueuse intestinale joue un rôle extrêmement important. Grâce à plusieurs avancées, elle apporte une contribution majeure dans ce domaine », décrit le pédiatre et immunologiste Alain Fischer, président de l’Académie des sciences, qui fut son patron. Il salue « une grande chercheuse, déterminée, volontaire, passionnée et éprise de son travail ».

Le sens du collectif

Directrice de recherche Inserm à la tête du laboratoire Immunité intestinale, à l’Institut Imagine, à Paris, la scientifique de 68 ans tente toujours de percer les mystères du système immunitaire de l’intestin et de pathologies intestinales, en particulier la maladie cœliaque, affection auto-immune liée à l’ingestion de gluten. Elle pilote aussi le programme transversal sur le microbiote de l’Inserm depuis 2016, qui va se prolonger à travers les programmes et équipements prioritaires de recherche – lancé par le gouvernement dans le cadre du plan France 2030, et coordonné par l’Inrae et l’Inserm. « Je ne connais personne au monde qui ait une telle vue d’ensemble sur l’intestin », commente Fabienne Charbit-Henrion, membre de son équipe. Pour autant, Nadine Cerf-Bensussan a le sens du collectif chevillé au corps.

C’est le hasard qui l’a conduite à se tourner vers ce domaine. Elle effectue son premier stage hospitalier dans le service d’immunologie et d’hématologie dirigé par Claude Griscelli à l’hôpital Necker, à Paris, où elle côtoie de jeunes enfants touchés par des maladies immunitaires très sévères.

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