mieux préparée qu’en 2016, l’OTAN s’apprête néanmoins à plonger dans l’inconnu

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Emmanuel Macron et Mark Rutte, le secrétaire général de l’OTAN, lors d’une session plénière du sommet de la Communauté politique européenne, à Budapest, le 7 novembre 2024.

C’est par un silence de cathédrale que les résultats de l’élection présidentielle américaine ont été accueillis, mercredi 6 novembre, au siège de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), à Bruxelles. Alors que le vainqueur, Donald Trump, a émaillé sa campagne de menaces de désengagement de l’OTAN, dont les Etats-Unis sont le principal contributeur, c’est dans un mélange d’attentisme inquiet et de pragmatisme que les 32 membres de l’Alliance se préparent au retour d’une ère Trump, organe clé de leur défense militaire collective. « C’est un peu le calme avant la tempête », résume un diplomate otanien qui a vécu la première élection du républicain, en 2016.

L’élection de M. Trump a bien été anticipée à l’OTAN. « Vu la campagne et les sondages très serrés, on s’y attendait. Rien à voir avec l’année 2016, où tout le monde était tombé des nues », confie un diplomate d’un pays du flanc est. Depuis l’été et le retrait de Joe Biden de la course présidentielle, le scénario a même été sérieusement préparé, et il aura encore une large place, lundi 11 novembre, lors de la réunion hebdomadaire du nouveau secrétaire général, Mark Rutte, avec tous ses adjoints et le président du comité militaire de l’OTAN, l’amiral Rob Bauer.

M. Rutte, qui a pris ses fonctions le 1er octobre à la tête de l’alliance, a en partie été désigné dans cette perspective. L’ancien premier ministre néerlandais, en fonction de 2010 à 2024, a largement côtoyé M. Trump durant ses années au pouvoir entre 2017 et 2021. M. Rutte saura être à la fois agile et ferme vis-à-vis du titulaire de la Maison Blanche, veut croire dès lors un diplomate européen.

90 000 soldats américains en Europe

Mais même si les voix les plus optimistes espèrent que « l’organisation sortira grandie » de cette épreuve, l’arrivée de M. Trump au pouvoir demeure un grand saut dans l’inconnu, admettent de nombreuses sources. Le nouveau président mettra-t-il à exécution ses menaces de ne plus protéger en cas d’attaque les pays « mauvais payeurs » ne contribuant pas à hauteur de 2 % de leur PIB aux dépenses de défense ? Va-t-il mettre en sommeil l’organisation alors que la guerre en Ukraine, qu’il a promis d’arrêter en « vingt-quatre heures », fait toujours rage ?

Seule certitude : un retrait massif des troupes américaines déployées en Europe n’est pas le scénario privilégié dans l’immédiat par les équipes de M. Trump. Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie, le nombre de soldats américains est passé de 60 000 à environ 90 000. Washington a aussi investi dans la création ou l’agrandissement de plusieurs sites militaires, notamment dans les pays du flanc est.

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