Marc Fesneau, un ministre discret contraint de monter au front

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Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, à la sortie du premier conseil des ministres du gouvernement Attal, au palais de l’Elysée, à Paris, le 12 janvier 2024.

Il aura fallu deux heures pour « dépiauter les choses », selon les mots du ministre de l’agriculture, Marc Fesneau. Deux heures pour gagner du temps, aussi. Ce lundi 22 janvier, il est près de 20 h 30 quand la réunion qui s’est tenue à Matignon avec le locataire de l’hôtel de Villeroy, le premier ministre, Gabriel Attal, et Arnaud Rousseau, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), accompagné d’Arnaud Gaillot, président des Jeunes Agriculteurs (JA), s’achève pour tenter de circonscrire la colère du monde agricole. Une épreuve aux allures de test pour Gabriel Attal, qui affronte là sa première grande crise depuis son arrivée, quinze jours plus tôt, rue de Varenne.

Aucune annonce fracassante n’émerge de Matignon. Sur le perron, Marc Fesneau promet simplement une réponse « dans les prochains jours ». « Il faut y aller modestement, c’est plutôt mon genre », confie-t-il au Monde, vingt-quatre heures avant d’affronter les attaques de l’opposition dans l’Hémicycle. « Il faut d’abord qu’on entende, collectivement, la colère qui s’exprime », enjoint-il. « Il y a une exaspération, un cri qui dit “écoutez-nous”, on a besoin d’envoyer des signaux pour redonner confiance », poursuit le ministre, conscient que les solutions qui seront proposées « jeudi ou vendredi » ne seront pas à même d’éteindre totalement le feu naissant.

Avant même de rencontrer les représentants de l’Etat, le patron de la FNSEA avait appelé à mener des actions « toute la semaine ». « Il faut laisser purger la colère », préconisait auprès du premier ministre, lundi avant la réunion, l’ancien député Renaissance de la Creuse Jean-Baptiste Moreau, qui fut rapporteur général de la loi EGAlim en 2018. « Le mouvement va s’étendre de toute façon, faire des annonces lundi soir ne changerait rien », estime cet ancien éleveur.

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En finir avec « la France des tracas »

Parti d’Occitanie, le mouvement de colère paysanne fait écho à des manifestations dans d’autres pays européens, comme l’Allemagne. Pour éviter l’embrasement, l’exécutif cherche, à très court terme, des mesures de simplification des normes pour témoigner de sa bonne volonté vis-à-vis de la profession. Il s’agit d’en finir avec « la France des tracas », comme l’assenait Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 16 janvier.

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Si Marc Fesneau a renoncé à se rendre à Bruxelles mardi pour assister au Conseil européen, l’élu du Loir-et-Cher sait qu’à plus long terme, il devra aussi démontrer aux exploitants, à cinq mois des élections européennes, que l’Europe est un atout et que le Green Deal, épouvantail brandi par les oppositions, n’obéit pas à une logique de décroissance. Il est urgent de calmer le jeu pour éviter la contagion à d’autres secteurs (pêche, artisanat…).

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