L’Union européenne et sa politique agricole dans le viseur des paysans belges

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Rassemblement d’agriculteurs dans le centre de Bruxelles, le mercredi 31 janvier 2024.

Il y a, sur les tracteurs, des slogans un peu désespérés : « L’agriculture, je veux en vivre, pas en mourir » ou « Paysan en voie de disparition ». Et d’autres, rageurs : « Ils n’ont jamais vu une vache, mais ils pondent des directives débiles » et « Les dirigeants européens sont les prostituées des multinationales ».

Depuis son lancement en Belgique, clairement inspiré par la mobilisation française, le mouvement de protestation des paysans oscille entre volonté de dialogue et radicalisme. Et cela s’est ressenti, mardi 30 janvier, à Namur, où les syndicats wallons du secteur avaient mobilisé leurs membres, avant des rencontres avec des ministres de la région.

Vers midi, Marianne Streel, présidente de la Fédération wallonne de l’agriculture, l’une des figures du mouvement, appelle au calme et à la recherche de solutions avant sa rencontre avec Willy Borsus, qui détient le portefeuille de l’agriculture, un domaine en partie régionalisé. Elle dit toutefois comprendre la colère des plus jeunes, car « ce sont eux qui auront tellement de difficultés à gérer l’avenir ».

Wallons et Flamands

M. Borsus, membre du Mouvement réformateur, un parti libéral, prône désormais un allègement des contraintes bureaucratiques et environnementales imposées au secteur : la soudaine mobilisation des paysans, imités désormais par leurs collègues flamands, a pris de court des dirigeants qui semblaient plutôt préoccupés par la campagne électorale qui débute, en vue du scrutin (fédéral, européen et régional) du mois de juin. La Belgique exerce aussi la présidence tournante de l’Union européenne, ce qui accroît les revendications du monde agricole.

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Auteur de quelques interventions publiques plutôt favorables au mouvement, M. Borsus récolte visiblement plus de sympathie que sa collègue écologiste, Céline Tellier. La veille au soir, elle était présente sur un barrage autoroutier. Huée, sifflée, visée par des jets de projectiles, elle a dû battre en retraite. « Elle nous impose des normes plus sévères, alors qu’elle les allège pour des industries polluantes », s’indigne Gérald Vanderlin, éleveur et agriculteur dans la province du Hainaut. Un de ses collègues, qui veut rester anonyme, affirme gagner 1 000 euros par mois, pour soixante-dix heures de travail hebdomadaires.

« Nous réclamons un moratoire pour l’application du Pacte vert, explique Mme Streel avant sa rencontre avec le ministre, puis, plus tard, à Bruxelles, avec le premier ministre, Alexander De Croo. Ce Pacte doit s’appuyer sur trois piliers, environnemental, social et économique, or deux d’entre eux font défaut. » « Nous ne demandons pas des primes, mais des prix corrects », appuie Gérald Vanderlin.

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