Au cours de ses deux mandats de présidente de Taïwan, de mai 2016 à mai 2024, Tsai Ing-wen s’est toujours évertuée à chercher un équilibre entre la défense de la souveraineté de l’île indépendante, sans, toutefois, provoquer la Chine, qui considère Taïwan comme une province rebelle vouée à « réintégrer » le giron chinois. De passage en France, où elle a rencontré des sénateurs, l’ex-présidente, 68 ans, continue de promouvoir les liens de Taiwan avec les pays démocratiques, en toute discrétion. Elle a annoncé son arrivée à Paris mardi 15 octobre par une simple photo devant la pyramide du Louvre, publiée sur les réseaux sociaux et accompagnée d’un message : « Je suis ravie d’être à Paris et j’ai hâte de rencontrer plus d’amis de Taïwan. Ici, en France, je mettrai l’accent sur nos valeurs communes de liberté, de démocratie et de respect des droits humains. »
Il s’agissait d’une première : les présidents taïwanais en exercice n’effectuent jamais de visite officielle à l’étranger hormis dans les quelques petits Etats qui reconnaissent l’île et non la République populaire de Chine. A la retraite depuis mai, Mme Tsai peut désormais s’impliquer, avec le plein accord de son successeur, Lai Ching-te, dans la diplomatie informelle que déploie Taïwan, notamment auprès des démocraties du monde pour contrebalancer la pression chinoise. Lundi, la Chine a lancé d’importants exercices militaires autour de Taïwan, présentés comme de « sérieux avertissements » face aux « actions séparatistes », quatre jours après le discours de la fête nationale du nouveau président Lai.
Protestations chinoises
« Elle a incarné Taïwan jusqu’au début de l’année, et conserve une aura importante après ses deux mandats, estime Olivier Cadic, sénateur Union centriste, représentant les Français établis hors de France. Aujourd’hui, elle peut voyager, ce qu’elle ne pouvait pas faire quand elle était présidente », note le sénateur qui a participé à un déjeuner organisé mercredi au Sénat par le groupe d’amitié France-Taïwan. Mme Tsai était accompagnée d’une délégation de plus d’une vingtaine de membres, dont des représentants de grandes entreprises comme TSMC, numéro un mondial de la production de semi-conducteurs.
D’après des médias taïwanais, Mme Tsai doit encore se rendre à Strasbourg et à Bruxelles pour rencontrer des élus européens. Elle avait débuté son séjour en Europe lundi en donnant un discours lors du Forum 2000, à Prague, dont le thème cette année semblait taillé sur mesure : « Démontrer la détermination et la résilience de la démocratie ». L’ambassade de Chine en République tchèque a protesté mardi, se disant « fermement opposée à ce que des séparatistes partisans de “l’indépendance de Taïwan” », sous quelque nom que ce soit, se rendent dans des pays qui ont établi des relations diplomatiques avec la Chine ».
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