L’ex-chef de guerre congolais Roger Lumbala renvoyé devant la cour d’assises

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Ce sera le premier procès d’un chef politico-militaire de la République démocratique du Congo (RDC) devant une juridiction nationale − et non pas la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye − en vertu de la compétence universelle. Roger Lumbala, 65 ans, en détention provisoire en France depuis sa mise en examen le 2 janvier 2021 à Paris, sera jugé pour « complicité de crimes contre l’humanité » et « participation à une entente en vue de commettre des crimes contre l’humanité », commis dans le nord-est de la RDC entre juillet 2002 et décembre 2003.

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Roger Lumbala est ainsi accusé d’avoir ordonné ou aidé à la commission « massive et systématique de tortures ou d’actes inhumains », selon l’ordonnance de mise en accusation du juge du pôle génocide et crimes contre l’humanité du tribunal judiciaire de Paris. L’ordonnance, datée du 6 novembre et que Le Monde a pu consulter, énumère également des « exécutions sommaires », « viols », « vols ou pillages » et « réduction en esclavage sous la forme de travaux forcés ou d’esclavage sexuel ».

Si Roger Lumbala se retrouvera bientôt dans le box d’un tribunal français, c’est suite au signalement à la justice en juillet 2016 du directeur général de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale. L’Ofpra avait reçu quatre ans plus tôt une demande d’asile politique de M. Lumbala, qui avait été refusée. Néanmoins, celuici n’avait pas été expulsé vers la RDC, où il faisait à l’époque l’objet d’un mandat d’arrêt international, car la France estimait qu’il ne bénéficiait pas de garanties d’un procès juste et équitable dans son pays. Il a été traqué pendant plusieurs années par l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLH) avant d’être arrêté le 29 décembre 2020 à Paris.

En proie à une triple guerre

Il faut remonter à la deuxième guerre du Congo (1998-2003) pour replacer dans leur contexte les faits qui sont reprochés à Roger Lumbala. A l’époque, ce dernier est à la tête d’un groupe rebelle fondé avec l’appui de l’Ouganda, le Rassemblement congolais pour la démocratie-National (RCD-N), allié au Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba. Tous deux sont en guerre contre le gouvernement central du président Joseph Kabila, qui a succédé en janvier 2001 à son père Laurent-Désiré, assassiné par un de ses gardes du corps. L’immense pays qu’est la RDC est alors en proie à une triple guerre : des pays étrangers qui soutiennent Kinshasa (Angola, Zimbabwe, Namibie et Tchad) ou s’y opposent (Ouganda, Rwanda) s’affrontent ; des groupes rebelles, dont celui de M. Bemba, cherchent à renverser le pouvoir central ; enfin, des groupes rebelles, comme celui de M. Lumbala, se combattent entre eux pour le contrôle du territoire et des richesses du sol et du sous-sol (Or, bois précieux, pétrole, etc.)

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