les voyages à l’étranger des Chinois de plus en plus contrôlés

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Dans une agence de voyage à Taizhou, dans la province du Jiangsu (Chine), le 9 février 2023.

Plus question de partir quelques jours à l’étranger sur un coup de tête. Un nombre croissant de Chinois ne peuvent plus détenir eux-mêmes leur passeport, qui doit être remis à leur unité de travail. Charge ensuite à chacun d’eux de faire une demande à sa hiérarchie s’il compte se déplacer hors des frontières.

Cette politique concerne depuis longtemps les cadres du Parti communiste (PCC), notamment les responsables de l’administration et des entreprises d’Etat, mais touche aujourd’hui de plus en plus de salariés du secteur public, jusqu’à de simples instituteurs. Son extension interroge la population, qui se pose des questions pratiques – est-il réellement possible de récupérer son passeport ? Sous quels délais ? Pour quelle durée de voyage ? – mais se demande aussi pourquoi une telle privation est imposée.

Après les cadres du PCC et les responsables politiques locaux, la plupart des fonctionnaires, même aux bas échelons de la hiérarchie, ont dû rendre leur document de voyage, tout comme dans un second temps, les salariés des entreprises publiques. Les employés de banques – puisqu’elles sont à capitaux publics –, les enseignants jusque dans les petites classes, de même que les médecins dans les hôpitaux, sont progressivement concernés depuis 2018.

« Je ne suis pas fonctionnaire, je n’ai accès à absolument aucun secret d’Etat. Pourquoi est-ce que je dois rendre mon passeport ? », s’interroge, auprès du Monde, Mme Wang, médecin dans un hôpital public de Mongolie-Intérieure. Lorsqu’elle a été informée de cette mesure par l’établissement, il y a quelques jours, aucune explication ne lui a été donnée. « Je doute que dire simplement à mon superviseur que j’ai envie de voyager suffise à le convaincre » dit-elle.

« Beaucoup de gens sont concernés »

Si les motivations de cette politique n’ont pas été expliquées à la population, la menace qui pèserait sur la sécurité nationale du fait du risque d’infiltration de forces hostiles étrangères est régulièrement mise en avant. Le Parti communiste sous Xi Jinping, craignant que la libéralisation des esprits qui a accompagné l’ouverture économique n’amène un affaissement politique, veut reprendre le contrôle sur la société.

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Le président promeut depuis 2014 le concept d’« approche holistique de la sécurité nationale ». L’environnement est de plus en plus encadré, y compris pour des Chinois parfaitement loyaux au parti unique. Depuis qu’il a ouvert un compte sur la plateforme WeChat à l’été 2023, le ministère de la sécurité d’Etat y publie régulièrement des exemples de menaces, dont celle d’être recruté par des services de renseignement ennemis lors d’un banal séjour hors de Chine.

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