Les violences contre les élus marquent la politique des dernières années dans une partie de l’Europe

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Le premier ministre slovaque, Robert Fico, est transporté à l’hôpital, à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 15 mai 2024.

La tentative d’assassinat du premier ministre populiste slovaque, Robert Fico, intervenue mercredi 15 mai, s’inscrit dans une vague montante d’agressions commises contre des élus, des représentants publics ou des militants, dans plusieurs pays d’Europe. La campagne pour les élections européennes, qui auront lieu du 6 au 9 juin, y est émaillée d’actions agressives contre des candidats, après plusieurs années de détérioration du climat politique.

En Pologne, le premier ministre, Donald Tusk, a déclaré jeudi avoir reçu des menaces après l’attaque contre Robert Fico. Sur le réseau social X, il a diffusé une capture d’écran d’un commentaire publié sur la plate-forme : « Aujourd’hui, les Slovaques nous ont montré un exemple de ce qui devrait être fait avec Donald Tusk. » L’atmosphère politique est tendue depuis plusieurs années. En 2019, le maire libéral de Gdansk, Pawel Adamowicz, un détracteur de la politique du parti national conservateur Droit et justice (PiS), alors au pouvoir, a été assassiné.

La même année, le 2 juin, l’Allemagne s’était réveillée sous le choc en apprenant que le préfet de Cassel, Walter Lübcke, avait été retrouvé mort, tué d’une balle dans la tête, sur sa terrasse. Un an et demi plus tard, son assassin, un néonazi de 47 ans, était condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, un représentant de l’Etat était assassiné par un militant d’extrême droite outre-Rhin.

Depuis, aucun responsable politique allemand n’a connu la fin tragique de M. Lübcke, mais beaucoup ont été victimes d’agressions. Le nombre de ces dernières a quasiment doublé en cinq ans : selon l’Office fédéral de la police criminelle (BKA), 2 790 délits ont été commis en 2023 contre des élus ou des militants des sept partis représentés au Bundestag, dont près de la moitié à l’encontre des Verts ; en 2019, le BKA en avait recensé 1 420.

Démission

Le 3 mai, l’attaque dont a été victime l’eurodéputé social-démocrate Matthias Ecke, hospitalisé après avoir été frappé à la tête par quatre jeunes néonazis alors qu’il accrochait des pancartes électorales dans sa ville de Dresde, a mis le sujet à la une de l’actualité. Depuis, plusieurs responsables politiques ont été agressés et légèrement blessés, dont l’ancienne maire de Berlin, Franziska Giffey (SPD), et deux députés régionaux du Bade-Wurtemberg, membres du parti d’extrême droite AfD.

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L’assassinat, jamais vraiment élucidé, du premier ministre social-démocrate Olof Palme, le 28 février 1986, à la sortie d’un cinéma, à Stockholm, avait traumatisé la Suède. Le meurtre de la ministre des affaires étrangères Anna Lindh, poignardée mortellement dans un grand centre commercial de la capitale, en pleine campagne avant le référendum sur l’euro, le 11 septembre 2003, avait rouvert la plaie. Animé par sa « haine des politiques », son meurtrier, Mijailo Mijailovic, a été condamné à la prison à vie.

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