les tergiversations du Kenya, chargé de mener la force onusienne de maintien de la paix

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Le président kényan, William Ruto, passe en revue la garde d’honneur lors des célébrations de l’indépendance, à Nairobi, le 12 décembre 2023.

Entre Washington et Nairobi, les communications sont incessantes. Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, s’est entretenu au téléphone à deux reprises en moins d’une semaine avec le chef de l’Etat kényan, William Ruto, dont le pays est chargé de mener la future force internationale d’intervention en Haïti sous mandat onusien. Une façon pour les Etats-Unis de s’assurer que leur partenaire se tient prêt à déployer ses unités de forces spéciales de la police malgré les récents bouleversements à Port-au-Prince.

Car la démission du premier ministre haïtien, Ariel Henry, depuis son exil à Porto Rico, mardi 12 mars, a refroidi les ardeurs du Kenya. Cela « a entraîné un changement fondamental de circonstances », a annoncé le jour même Korir SingOei, le secrétaire général du ministère des affaires étrangères : « En l’absence d’une administration politique en Haïti, il n’y a pas de point d’ancrage sur lequel le déploiement de la police puisse s’appuyer. C’est pourquoi le gouvernement du Kenya attendra l’installation d’une nouvelle autorité constitutionnelle en Haïti avant de prendre d’autres décisions en la matière. »

Nairobi avait répondu favorablement, en octobre 2023, à l’appel à l’aide du gouvernement haïtien, des Etats-Unis et des Nations unies, qui plaidaient pour une nouvelle mission de maintien de l’ordre dans le pays des Caraïbes, paralysé par les attaques de gangs qui contrôlent presque l’ensemble de la capitale. Le Kenya doit fournir un millier d’hommes et prendre la tête de la mission.

Un déploiement jugé « inconstitutionnel »

La déclaration kényane inquiète Washington, véritable instigateur de cette intervention, visiblement pressé de la voir se déployer. Les Etats-Unis, qui ont évacué dimanche leur personnel diplomatique non essentiel – tout comme la France –, veulent « accélérer » la transition politique, a dit le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller. Sous pression de Washington, la Communauté des Caraïbes (Caricom) doit en toute urgence nommer un « conseil présidentiel de transition » à Port-au-Prince.

« J’ai assuré à M. Blinken que le Kenya prendrait la direction de la mission d’appui des Nations unies à la sécurité en Haïti dès que le conseil présidentiel aura été mis en place dans le cadre d’un processus convenu », a promis William Ruto. Pourtant, il ne s’agit pas là du seul obstacle auquel le président kényan doit faire face avant de pouvoir déployer la force d’intervention – qui doit comprendre environ 5 000 hommes venus, outre du Kenya, du Bénin, du Tchad, du Bangladesh, de la Barbade et des Bahamas.

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