Les stages de seconde suscitent la colère de la communauté éducative

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Le premier ministre, Gabriel Attal, lors d’une visite au lycée du Parc impérial pour lancer une expérience d’« internat éducatif » pour les élèves en difficulté, à Nice, le 22 avril 2024.

Louis (les personnes citées par leur prénom ont requis l’anonymat) ne cache pas son appréhension. Comme de nombreux élèves de 2de, il n’a toujours pas trouvé d’entreprise prête à l’accueillir. Le jeune homme, scolarisé au lycée Charles-de-Gaulle à Poissy (Yvelines), a pourtant commencé ses recherches dès le mois de décembre 2023, mais les demandes envoyées − une trentaine − (dans des mairies, auprès de députés…) ont été refusées. Dans sa classe, sur trente-trois élèves, sept sont encore en recherche de stage.

Cette année, pour la première fois, plus de 500 000 élèves de 2de générale et technologique doivent effectuer un stage d’observation, du 17 au 28 juin. Gabriel Attal, alors ministre de l’éducation nationale, avait porté cette mesure avec l’objectif de « reconquérir le mois de juin », traditionnellement déconsidéré par les élèves. Mais, à moins de trois semaines du début des stages, de 50 % à 70 % seraient toujours sans solution, d’après le Syndicat national des enseignants du second degré (SNES-FSU) et le Syndicat national des personnels de direction (SNPDEN-UNSA).

Une situation qui était largement « prévisible », affirme Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU et professeure de sciences économiques et sociales au lycée Rosa-Parks à Montgeron (Essonne). Dans ses quatre classes de 2de, plus de la moitié des lycéens n’ont toujours pas de stage. En cause, selon elle, un bassin d’emploi déjà saturé par les élèves issus de bacs professionnels, pour qui les stages font partie intégrante du cursus, et des informations arrivées trop tardivement.

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Si la mesure a été annoncée à la rentrée 2023, la circulaire détaillant les conditions de stage n’a été publiée au Journal officiel qu’à la fin mars. « On s’est retrouvé démuni tout au long de l’année, avec des élèves qui nous posaient des questions sur les attendus du stage dès le mois de novembre, sans qu’on puisse leur répondre », regrette Sophie Vénétitay. L’enseignante dénonce aussi le peu d’offres présentes sur le site gouvernemental lancé le 25 mars. Dans son établissement, 822 élèves doivent effectuer un stage, mais, à la mi-mai, la plate-forme ne proposait que quatorze annonces dans un rayon de quinze kilomètres. Une situation qui oblige les jeunes à revoir leurs exigences à la baisse.

« Un bazar sans nom »

Mathilde souhaitait faire un stage dans le domaine de l’art. La lycéenne, scolarisée au lycée Nicolas-Brémontier, à Bordeaux, était même assez enthousiaste à l’idée de découvrir un secteur où elle se voit travailler dans quelques années.

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