Les quatre auteurs présumés de l’attaque d’une salle de concert près de Moscou, qui a fait au moins 137 morts, ont été placés dimanche 24 mars en détention provisoire après leur comparution devant un tribunal de la capitale.
Le tribunal a diffusé des images montrant trois suspects amenés dans la salle d’audience menottés et pliés en deux par des policiers, puis assis dans la cage en verre réservée aux accusés. Le quatrième est arrivé dans une chaise roulante, les yeux fermés. L’un des suspects avait un bandage blanc à l’oreille, comme sur de précédentes vidéos de l’arrestation des assaillants présumés diffusées samedi par les enquêteurs, où trois d’entre eux apparaissaient avec du sang sur le visage.
Ils ont été placés ensuite en détention provisoire pour deux mois par un tribunal de la capitale russe. Les quatre hommes sont accusés de « terrorisme » et encourent la prison à perpétuité, a écrit dans un communiqué le tribunal Basmanny de Moscou. Leur détention provisoire, fixée jusqu’au 22 mai, peut être prolongée dans l’attente de leur procès, dont la date n’a pas encore été fixée. Selon le tribunal, deux des accusés ont plaidé coupable. L’un d’entre eux, un natif du Tadjikistan, a « reconnu entièrement sa culpabilité ».
L’agence de presse russe Ria Novosti a rapporté que l’un des suspects était un ancien employé d’un coiffeur à Ivanovo, une ville au nord-est de la capitale. Un autre a un enfant de huit mois et travaillait dans une fabrique de parquet à Podolsk, dans la région de Moscou.
Deuil national
Aucune information n’a été fournie quant au sort de sept autres personnes dont l’arrestation a été annoncée samedi et dont le rôle n’a pas été précisé. Les policiers ont par ailleurs annoncé la découverte sur les lieux de l’attentat de 500 cartouches, de deux kalachnikovs et de vingt-huit chargeurs, qui appartenaient, selon eux, « aux assaillants ».
Un deuil national a été observé, dimanche, en Russie. Vladimir Poutine, qui s’est exprimé samedi, près de vingt-quatre heures après les faits, n’a pas fait de nouvelle déclaration mais a allumé un cierge à la chapelle de sa résidence de Novo-Ogarevo.
Parmi les 137 tués dans l’attentat figurent trois enfants, précise le Comité d’enquête de la Fédération de Russie dans son dernier bilan, communiqué dimanche, alors que les recherches se poursuivent dans les décombres du Crocus City Hall. Les autorités sanitaires font en outre état de 182 blessés, dont 101 étaient toujours hospitalisés dimanche soir.
« Aucune implication ukrainienne » pour Washington
Si l’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué l’attaque dès vendredi soir, les autorités russes n’ont toujours pas évoqué la responsabilité du mouvement djihadiste, et ont mis l’accent sur le rôle qu’elles imputent à l’Ukraine.
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Vladimir Poutine a assuré samedi que « les quatre auteurs directs » de l’attentat avaient été arrêtés alors qu’ils « tentaient de fuir et se dirigeaient vers l’Ukraine », où « un passage » leur avait, selon lui, été ménagé pour qu’ils puissent la franchir.
Cette thèse est pourfendue par Washington, pour qui l’EI porte « seul la responsabilité de cette attaque ». « Il n’y a aucune implication ukrainienne », a affirmé Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Le ministre des finances britannique, Jeremy Hunt, a lui aussi mis en doute la version de M. Poutine, disant avoir « très peu confiance » en la parole des autorités russes.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé son homologue russe de vouloir « rejeter la faute » sur son pays et le premier ministre polonais, Donald Tusk, a dit souhaité samedi que l’attaque ne soit pas « un prétexte » à une « escalade de la violence » en Ukraine.
Quelques jours avant l’attentat, M. Poutine avait vu une « provocation » dans les mises en garde américaines quant au risque d’attentat en Russie.
L’attaque du Crocus City Hall est l’attentat le plus meurtrier commis en Russie depuis une vingtaine d’années. L’organisation Etat islamique, que la Russie combat en Syrie et qui est active dans le Caucase russe, y avait déjà commis des attentats de moindre ampleur, depuis la fin des années 2010.