« Les pertes vont peser lourd sur la capacité des Ukrainiens à rebâtir le pays et à se reconstruire eux-mêmes »

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Emmanuel Macron prendra le chemin de Kiev – « avant la mi-mars », dit-il – après avoir reporté sa visite prévue en février. Sans doute accompagné de chefs d’entreprise, il n’y parlera pas que de sécurité avec son homologue Volodymyr Zelensky, mais aussi d’affaires et de reconstruction. En attendant, le président de la République occupe le terrain et devait accueillir à l’Elysée, lundi 26 février, une vingtaine de dirigeants européens pour une « réunion de soutien » à un pays ravagé par la guerre et juste animé d’un mince espoir de paix.

De Washington à Tokyo en passant par Bruxelles, les dirigeants occidentaux et les institutions internationales savent qu’il faut aussi poser sans délai les bases d’un plan de reconstruction, même si les Ukrainiens réparent déjà au jour le jour les dégâts causés par un ennemi qui veut à la fois remporter une victoire militaire, ruiner l’économie du pays et briser le moral de ceux que Vladimir Poutine appelait naguère ses « frères ».

Habitations, écoles, hôpitaux, locaux administratifs, ports et routes, réseaux de transports, d’eau et d’électricité ont été détruits ou endommagés, surtout dans la région de Kiev et les oblasts de l’Est. Environ 10 % des logements sont inhabitables. A ces destructions s’ajoutent les ravages sur l’agriculture et l’environnement de la destruction du barrage de Kakhovka sur le Dniepr et la menace des millions de mines russes disséminées sur les territoires envahis.

Quant au capital humain, il a été cruellement entamé. M. Zelensky a annoncé dimanche – et pour la première fois – que 31 000 soldats avaient été tués (sans donner le nombre de blessés), ainsi que des dizaines de milliers de civils dans les territoires occupés. Irréparables, ces pertes vont peser lourd sur la capacité de leurs proches à rebâtir le pays et à se reconstruire eux-mêmes. Une interrogation redoutable émerge peu à peu : la jeunesse ukrainienne des années 2020 est-elle une « génération perdue » ?

Besoin de « capitaux privés »

Sur le seul plan matériel, les derniers calculs de la Banque mondiale, de l’ONU, de l’Union européenne et de Kiev donnent le vertige : 140 milliards d’euros de dommages directs ; 450 milliards pour se redresser sur dix ans, soit 2,8 fois le produit intérieur brut (PIB). « Plus nous agissons rapidement, moins cela coûtera cher à long terme, et plus nous donnons au pays la capacité de continuer à se défendre sur le plan militaire », avertit la présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Odile Renaud-Basson dans un entretien à la revue Le Grand Continent. Les opérations d’urgence doivent s’accompagner d’un double investissement, dans les infrastructures névralgiques et le capital humain, ajoute-t-elle.

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