les habitants de Gaza à la merci des intermédiaires qui font flamber les prix des produits alimentaires

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Sur un marché de fortune, à Rafah, dans la bande de Gaza, le 12 mars 2024.

Sur le marché Al-Najma de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, les étals des vendeurs de rue ne proposent que des produits de base. Des boîtes de thon et de sardines, des fèves et des lentilles, quelques jus de fruits et des sucreries pour les enfants. Le ramadan, cette année, débute dans une ambiance lugubre. Après cinq mois de guerre entre le Hamas et Israël, les 2,3 millions de Gazaouis font face à de graves pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments, conséquence des entraves posées par Israël à l’entrée des convois d’aide humanitaire dans l’enclave. Du coup, les prix des rares denrées encore vendues sur les marchés atteignent jusqu’à dix fois leur montant d’avant-guerre, un coût prohibitif pour la plupart des habitants.

Les pénuries et la hausse des coûts d’importation ne sont pas seules en cause dans cette flambée des prix. Selon une enquête réalisée par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), plate-forme d’investigation partenaire du Monde, des profiteurs de guerre exploitent les dysfonctionnements de la chaîne d’approvisionnement, du transport à la vente, pour s’enrichir. L’entrée des produits commerciaux est entravée par les contrôles de sécurité imposés par Israël depuis le début de la guerre et les contraintes de transport, comme les multiples inspections, les longues files d’attente aux points de contrôle et les routes dévastées.

« Les prix ont considérablement augmenté. Tout le monde se plaint et beaucoup ne peuvent rien acheter », a confié à l’OCCRP Hala Emran, une mère déplacée de huit enfants, après avoir inspecté les marchandises au marché. Un kilo de tomates coûte l’équivalent de 4 euros, contre 30 centimes avant-guerre. Le prix d’un poulet est passé de 3 à 20 euros. Trois kilos de sucre valent 20 euros, contre 2 auparavant. Hala Emran ne peut même pas acheter un cookie pour son jeune fils. Le moins cher du marché se vend désormais à plus de 2 euros l’unité.

Fabrique artisanale de couches pour bébés, à Gaza, le 20 février 2024.

Wessam Shaath a, lui, arpenté tous les magasins de Rafah pour trouver des couches à un prix abordable pour ses jumeaux nourrissons. Sans succès. Le paquet se vend désormais 50 euros, contre 5 d’ordinaire. Chauffeur de taxi entre Khan Younès et Rafah, ce père de famille gagnait jusqu’à 10 euros par jour avant la guerre. Il n’a plus aucun revenu depuis que la guerre fait rage à Khan Younès et que 1,3 million de Gazaouis sont reclus à Rafah. « Les choses sont très difficiles pour nous. Sans revenus, je ne peux rien acheter », a-t-il déclaré.

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