Les eurodéputés tancent la Grèce sur le respect des droits fondamentaux

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Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis à Bruxelles, le 1er février  2024.

La Hongrie et la Pologne avaient subi cet affront en 2023, mais pour la Grèce, le berceau de la démocratie, c’est une première. Mercredi 7 février, le Parlement européen a adopté, à Strasbourg, une résolution exprimant « sa profonde inquiétude concernant les menaces très graves qui pèsent sur la démocratie, l’Etat de droit et les droits fondamentaux en Grèce ». Les termes sont forts et, même si une résolution n’entraîne pas nécessairement d’effet, cela s’apparente à une véritable claque symbolique pour le gouvernement du conservateur Kyriakos Mitsotakis, aujourd’hui l’un des poids lourds du Parti populaire européen (PPE), le premier groupe de l’hémicycle européen.

Quelque 330 députés ont soutenu ce texte, la quasi-totalité provenant de la gauche de l’échiquier politique, renforcé par les libéraux, mais aussi par une poignée d’élus PPE, dont le Français Brice Hortefeux. A l’inverse, 254 s’y sont opposés, tous quasiment issus des rangs de la droite et de l’extrême droite. Seuls 26 parlementaires se sont abstenus.

« Nous avons vu la démocratie et l’Etat de droit reculer dans un certain nombre d’Etats membres de l’Union européenne [UE], rappelle l’eurodéputée néerlandaise libérale Sophie In’t Veld. Nous en connaissons les signes et la Grèce les montre en ce moment même. Contrairement à Viktor Orban, le gouvernement grec affiche un visage amical à l’égard de l’UE, mais ce n’est pas une raison pour rester à l’écart de l’examen de l’UE. »

Scandale d’espionnage

En Grèce, l’éclatement à l’été 2022 du scandale d’espionnage illégal à grande échelle contre des journalistes, des opposants politiques et des entrepreneurs, organisé par les services secrets placés directement sous l’égide du premier ministre, a ouvert les yeux à nombre d’eurodéputés sur les atteintes à l’Etat de droit dans le pays.

S’y est ajoutée la dégradation de la liberté de la presse. « L’absence de progrès dans l’enquête sur l’assassinat du journaliste Giorgos Karaivaz en 2021 dans un climat général d’intimidation, de violence verbale, de menaces de poursuites-baillons et de surveillances impromptues par des logiciels espions, démontre aussi que la sécurité des journalistes n’est toujours pas garantie », rappelle l’eurodéputée française socialiste Sylvie Guillaume. Depuis 2019, après l’élection du premier gouvernement de M. Mitsokatis, le pays a dégringolé de la 70e à la 107e au classement Reporters sans frontières, soit la dernière place parmi les Vingt-Sept.

Les eurodéputés expriment également leurs préoccupations pour « les nombreux cas de recours excessif à la force par les services de police à l’encontre de groupes minoritaires et de manifestants pacifiques en général », tout comme la politique vis-à-vis des migrants qui tentent de rejoindre les côtes hellènes. Le Parlement européen « se déclare vivement préoccupé par le traitement réservé aux migrants aux frontières extérieures et à l’intérieur du pays, à la suite de refoulements systématiques et de violences à l’encontre de ressortissants de pays tiers, de leur détention arbitraire et du vol de leurs effets personnels ».

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