Les Etats-Unis fixent des seuils limites aux « polluants éternels » dans l’eau courante

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Une chercheuse américaine travaille sur l’élimination des PFAS de l’eau, dans un laboratoire de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), à Cincinnati (Ohio), le 10 avril 2024.

La plupart des Américains, qui n’avaient jamais entendu parler des « polluants éternels » (PFAS), viennent d’apprendre à la fois l’existence de ces substances chimiques toxiques et celle de la première réglementation jamais émise aux Etats-Unis pour en limiter la circulation dans l’eau que 100 millions d’entre eux boivent tous les jours.

Dans une décision qui a suscité l’enthousiasme des spécialistes de la santé publique, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) a publié, mercredi 10 avril, la première norme contraignante aux Etats-Unis concernant les PFAS (per- et polyfluoroalkylés), des polluants non biodégradables utilisés depuis les années 1950 dans la fabrication de poêles résistantes à la graisse et à la chaleur, de vêtements d’extérieur, de jouets ou de cartons de pizza, et présents maintenant dans les sols, l’eau courante et le corps des Américains.

L’EPA espère prévenir « des milliers de décès prématurés et des dizaines de milliers de maladies graves », y compris certains cancers, ainsi que limiter l’impact de ces produits sur le système immunitaire et le développement des jeunes enfants, a affirmé Michael Regan, l’administrateur de l’agence. « Nous nous sommes considérablement rapprochés d’une fermeture définitive du robinet des polluants chimiques éternels », affirme-t-il. Selon le CDC (Centers for Disease Control), l’organisme chargé de la santé publique aux Etats-Unis, la présence de ces polluants est mesurable dans le sang de pratiquement tous les Américains.

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés « Polluants éternels » : quels sont les effets des PFAS sur la santé ?

La nouvelle norme cible six des milliers de composés synthétiques inclus dans le groupe des PFAS. Elle demande aux réseaux d’eau municipaux de les ramener à un niveau proche de zéro. Les collectivités locales devront lancer dans les trois ans un plan de surveillance du niveau de ces polluants dans l’eau. Celles qui dépasseront les seuils prescrits – de 6 % à 10 % des 66 000 réseaux concernés, prévoit l’EPA – auront cinq ans pour proposer des plans respectant les nouvelles normes. Les municipalités seront tenues d’informer la population.

Selon une étude du service géologique national (USGS), publiée en 2023, 45 % au moins de l’eau du robinet fournie par les réseaux publics ou privés aux Etats-Unis sont contaminés par un ou plusieurs des PFAS. Les communautés hispaniques et noires sont affectées de manière disproportionnée par la pollution de l’eau du robinet, les quartiers où ils vivent le plus souvent étant les plus touchés.

Des années d’inaction des pouvoirs publics

Les défenseurs de l’environnement se sont félicités de la décision de l’EPA, malgré les délais accordés aux réseaux d’eau pour mettre en place les mesures de traitement. Il s’agit d’« une décision historique, monumentale », a souligné Melanie Benesh, de l’Environmental Working Group, une association spécialisée dans la détection des substances chimiques présentes dans les aliments, les produits cosmétiques et les produits ménagers. Interrogée par la chaîne publique PBS, l’experte a souligné que la décision intervenait après des années d’inaction des pouvoirs publics, due à un manque d’information sur la rapidité de propagation des « polluants éternels ».

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