les écologistes aux prises avec une campagne poussive

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Marie Toussaint et Marine Tondelier devant la tour de TotalEnergies à La Défense, à Courbevoie (Hauts-de-Seine), le 28 mars 2024, pour demander la fin de l’utilisation des énergies fossiles en Europe.

« Produire, produire », crachote la sono installée, jeudi 28 mars, par l’équipe de campagne de Marie Toussaint devant la tour de TotalEnergies, sur le parvis de la Défense. « Nous avons pensé que cela nous rendrait plus forts et plus heureux, nous nous sommes trompés », poursuit la voix. Des danseurs tout en noir s’agenouillent à chaque mention des destructions du vivant imputées au groupe pétrolier. Quatre mois après le cours de booty therapy (danse sensuelle du bassin), qui avait lancé en décembre leur campagne pour les élections européennes, les Verts récidivent, assumant d’illustrer leur projet politique par une nouvelle performance artistique. Au risque de provoquer un nouveau procès en déconnexion.

La chorégraphie s’achève – les danseurs sont désormais en vert – et la tête de liste des écologistes pour le scrutin du 9 juin vient présenter ce qu’elle revendique comme une mesure phare de sa campagne : la création d’un fonds de souveraineté européen pour prendre des parts majoritaires dans les grandes entreprises pétro-gazières du continent, afin de les forcer à s’aligner sur les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre précisés dans l’accord de Paris de 2015. Une sorte de nationalisation massive au niveau européen, pilotée par la Banque européenne de développement.

Marie Toussaint assure que les dernières interprétations du droit européen permettent d’agir en ce sens au nom de la défense du climat. Sur ce projet à 100 milliards d’euros, Marine Tondelier, numéro un des Verts, devance les critiques en utopisme : « Dans dix ans, cette mesure paraîtra normale à tout le monde. »

Sondages peu favorables

A deux mois du scrutin, les écologistes restent confrontés à leur éternel dilemme : comment incarner la défense de l’environnement tout en élargissant leur champ de compétences, ainsi que leur électorat ? Un choix difficile, à l’heure où la défense de l’environnement n’est plus un sujet consensuel, mais parfois un repoussoir politique, instrumentalisé par l’extrême droite à l’échelle européenne. « Plus personne ne se revendique de l’écologie, il n’y a plus que nous pour porter le fer contre les attaques de la majorité, qui nous a fait passer de l’ère des petits pas à celle des grands reculs », estime Marie Toussaint. « C’est la coalition du déni : plus on avance dans le dur sur le dérèglement climatique, plus on a de résistance », se désole l’une des figures tutélaires du parti, Noël Mamère, qui avait réalisé 5,25 % à la présidentielle de 2002.

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