Les démocrates et les stars américaines, un calcul à somme nulle

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Kamala Harris et la chanteuse Lady Gaga lors du dernier meeting de la candidate démocrate, le 4 novembre, à Philadelphie (Pennsylvanie).

Dans la nuit du 5 novembre, la chanteuse Cardi B s’est filmée en train d’écouter l’annonce de la victoire de Donald Trump. Sur la vidéo, diffusée sur Instagram, apparaît cette phrase : « I hate yall bad » (« je vous déteste tous »). Une rage partagée par de nombreuses célébrités… Dans des termes plus châtiés, les actrices Jamie Lee Curtis et Viola Davis, l’écrivain Stephen King ou encore la chanteuse Ariana Grande ont exprimé leur tristesse sur les réseaux sociaux.

La campagne de Kamala Harris a été rythmée par les soutiens successifs de stars américaines. Aux vétérans des campagnes démocrates (Stevie Wonder, Barbra Streisand, Bruce Springsteen, Robert De Niro, George Clooney…), s’est ajoutée une nouvelle génération d’artistes, comme les chanteurs Billie Eilish, Charli XCX, John Legend ou Lady Gaga. Ces deux derniers se sont même affichés sur scène au côté de la candidate.

L’issue de la bataille électorale a semblé suspendue, un temps, au ralliement de deux célébrités : Taylor Swift et Beyoncé. Celui de la première, extrêmement populaire auprès des jeunes, devait changer la donne, voulait-on croire dans l’état-major démocrate. Quant à la seconde, figure de la communauté noire, elle était censée consolider le vote afro-américain, crucial dans la campagne.

Appâter les Latinos

De manière générale, les stratèges du parti ont associé à chaque cible électorale une personnalité supposée fédératrice. Ainsi, les Latinos, autre communauté décisive, se sont vu appâter par deux stars de générations différentes, histoire de balayer tout le spectre de l’électorat : l’actrice et chanteuse Jennifer Lopez, 55 ans, et le rappeur Bad Bunny, 30 ans, tous deux nés dans des familles portoricaines.

Las, Donald Trump a remporté le scrutin. « La preuve que cela n’a pas suffi, soupire Laurence Maslon, historien de la musique populaire et enseignant à la Tisch School of the Arts à l’université de New York. Maintenant, la question que tout le monde se pose est de savoir si ces soutiens ont été productifs ou… l’inverse. » Publiquement, aucune star n’a été jusqu’à se remettre en question. Mais depuis quelques jours, la presse américaine s’interroge sur le bien-fondé de cette stratégie électorale, comme elle le fait à chaque défaite du camp démocrate, historiquement soutenu par Hollywood.

En 2008, l’appui de l’animatrice de télévision Oprah Winfrey à un outsider de la campagne démocrate, Barack Obama, avait certes fait gagner un million de voix au vainqueur de la primaire, selon plusieurs estimations. Mais lors de la présidentielle de 2016, il était apparu que Hillary Clinton avait, à l’inverse pâti, du fait d’être trop entourée : les Katy Perry, Madonna, Kim Kardashian et Meryl Streep se pressant autour d’elle avaient nourri le discours de Donald Trump, autoproclamé candidat antisystème. Accusés d’illustrer la déconnexion de la candidate démocrate du peuple américain, ses soutiens s’étaient transformés en boulets. Si bien qu’en 2020, Joe Biden avait demandé au show-business de se faire discret.

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