les cathos écolos de la génération Z veulent faire converger foi et militantisme

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Eucharistie en plein air au Festival des poussières, à La Bussière-sur-Ouche (Côte d’Or), le 24 août 2024.

Une foule de jeunes gens se presse devant les panneaux affichant le programme. Après le petit déjeuner et la prière du jour, l’heure est aux rendez-vous intellectuels. Les quelque cinq cents jeunes chrétiens présents au Festival des poussières, fin août, à La Bussière-sur-Ouche (Côte-d’Or), ont l’embarras du choix entre des conférences aux thématiques variées, telles que « L’idolâtrie spirituelle et politique » ou « La construction d’un antifascisme chrétien ». Un autre colloque attire l’œil par la simplicité et le sens des deux mots qui composent son intitulé : « Lutte et contemplation ».

Voilà qui reprend le nom du collectif de jeunes chrétiens écologistes présenté par Benoît Halgand, 26 ans, polytechnicien et « bifurqueur » revendiqué du chemin tracé par sa grande école d’ingénieurs. Cet orateur du matin incarne un nouveau type de militant écologiste : celui qui assume de conjuguer sa foi à son engagement, celui pour qui l’une ne va plus sans l’autre. « Après plusieurs années passées dans les luttes pour le climat, je sentais que je n’avais plus d’énergie, j’étais devenu sombre et jugeant. J’aspirais à retrouver de l’unité dans ma vie », raconte-t-il.

A la fin de ses études, il passe un an dans l’abbaye d’Hautecombe, en Savoie. Une année de formation théologique et de vie communautaire. « J’ai décidé de créer un lieu d’église pour les jeunes à ce moment-là, parce que j’ai senti qu’il fallait porter une voix chrétienne dans les luttes écologiques », explique-t-il encore. En septembre 2022, une poignée de jeunes aux aspirations semblables se retrouvent à l’église Saint-Ignace, à Paris, pour prier. Ils lancent un groupe WhatsApp, nommé « Lutte et contemplation », et se retrouvent une fois par mois. Ils sont bientôt rejoints par d’autres jeunes des communautés chrétiennes qu’ils fréquentent – la Fraternité politique du Chemin neuf, le Dorothy (café chrétien de Ménilmontant), ou la Maison Magis, un tiers lieu du 6e arrondissement de Paris, ouvert par des jésuites.

Lavement des pieds et marginalité

En 2023, le collectif n’hésite plus à brandir la bannière chrétienne quand il se joint aux luttes sociales et écologiques : manifestations contre la réforme des retraites, mobilisation contre la construction de l’A69, lutte contre le projet Eacop de TotalEnergies. Ces cathos écolos imaginent des actions qui les différencient des autres militants. Par exemple, le 6 avril 2023, lors de l’une des dernières manifestations contre la réforme des retraites, qui se tient le jeudi saint, ils réinterprètent le lavement des pieds – un geste en mémoire de celui pratiqué par Jésus-Christ envers ses apôtres –, en cirant les chaussures des manifestants.

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