les avocats de la défense vont déposer plusieurs plaintes pour menaces sur leurs clients

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Vue du palais de justice d’Avignon, où se déroule le procès de Dominique Pelicot et de 50 accusés pour le viol de Gisèle Pelicot, le 4 septembre 2024.

En raison de la diffusion d’informations personnelles suivie de menaces envers leurs clients, des plaintes vont être déposées cette semaine par plusieurs avocats d’accusés poursuivis dans le cadre du procès des viols de Mazan, ont-ils fait savoir, lundi 9 septembre, à l’ouverture de l’audience à Avignon.

« Des informations à caractère personnel des accusés, leur identité, nom, prénom, profession, adresse et parfois des photos prises dans l’enceinte même du tribunal ont été diffusées sur les réseaux sociaux, au mépris des règles les plus élémentaires de notre droit, socle de notre démocratie », a déclaré devant la presse l’avocate Isabelle Crépin-Dehaene, au nom de tous ses confrères, massés derrière elle.

« Dès cette semaine, une quinzaine de plaintes seront déposées par les avocats que nous sommes, entre les mains des parquets territorialement compétents, d’autres suivront dans les semaines à venir », a-t-elle prévenu. Selon elle, seront « systématiquement poursuivis ceux qui diffuseraient des informations à caractère personnel ou qui tiendraient des propos à connotation raciale à l’égard des accusés aux noms patronymiques à consonance étrangère ».

« Des enfants d’accusés ont été pris à partie au sein de leur établissement scolaire, des épouses et proches d’accusés ont été insultés, des appels téléphoniques malveillants reçus par des accusés, avec tentatives d’intrusion à leur domicile », a listé Mme Crépin-Dehaene. Avant d’ajouter : « La gravité de ces faits nous amène, nous, avocats de la défense, à devoir saisir le ministère public de poursuites pénales afin de prévenir toute nouvelle forme de violence, voire, ce qui est à craindre, d’atteinte à l’intégrité physique des accusés et de leurs proches ». « La justice s’exerce par nos lois, dans le calme du temps et non dans la frénésie de l’instant », a-t-elle conclu.

Procès emblématique de la question de la soumission chimique

Ces propos avaient aussi été tenus quelques instants plus tôt devant la cour criminelle du Vaucluse, où est jugé jusqu’au mois de décembre Dominique Pelicot, accusé d’avoir drogué son épouse aux anxiolytiques, avant de la violer et de la faire violer par des dizaines d’inconnus recrutés sur Internet de juillet 2011 à octobre 2020, dont une cinquantaine ont été identifiés et sont jugés à ses côtés. L’affaire, très médiatisée, est devenue emblématique de la question de la soumission chimique.

« Tout sera fait pour garantir la sérénité des débats », a répondu le président de la cour, Roger Arata, lundi, aux avocats de la défense, soulignant que cette sérénité des débats était nécessaire « afin de les mener à leur terme ». Lors de la première semaine d’audience, M. Arata avait déjà rappelé qu’aucune captation d’image n’était autorisée dans la salle d’audience ainsi que dans la salle de retransmission où un public fourni se pressait lundi.

Le procès des viols de Mazan, qui a commencé par l’écoute des victimes, se tourne désormais vers les 51 accusés. Dominique Pelicot, le « chef d’orchestre » des violences sexuelles commises sur son épouse pendant dix ans, doit être entendu à la barre lundi. D’autres membres de la famille Pelicot vont aussi apporter leurs témoignages lundi, pour décrire le septuagénaire.

Le Monde avec AFP

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