les autorités ukrainiennes confirment l’échange avec la Russie de 103 prisonniers de chaque camp

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« Le plus beau jour de ma vie », dit une ex-prisonnière ukrainienne libérée

L’Agence France-Presse a pu s’entretenir avec quelques-uns des 49 prisonniers ukrainiens qui ont été libérés vendredi par la Russie dans le cadre d’un échange entre Kiev et Moscou, l’un des tout derniers domaines où les deux pays en guerre coopèrent encore.

Cet échange effectué dans un endroit tenu secret, près de la frontière avec la Biélorussie, incluait, pour la première fois en plus d’un an, des prisonniers de la brigade Azov. Cette unité née d’un groupe ultranationaliste a gagné une réputation héroïque en Ukraine pour avoir défendu avec acharnement Marioupol – ville du sud du pays encerclée et pilonnée par les troupes de Moscou, qui l’ont finalement prise en mai 2022 –, faisant oublier, au moins partiellement, l’image sulfureuse de ses débuts. Moscou les présente comme des « nazis », des accusations que la brigade Azov rejette.

Vendredi, certains des Ukrainiens fraîchement libérés, entre rire et larmes, chantent leur hymne national. « Je peux pas le croire ! J’ai attendu tous les jours et j’ai prié, et finalement ce jour est arrivé », s’exclame Tamara Mirochnikova, 28 ans. Vingt-trois femmes figurent parmi les prisonniers ukrainiens libérés.

Cette combattante d’Azov dit espérer que tous ses compatriotes « reviendront de cet enfer » et que « plus personne n’entendra les mots “prisonnier de guerre” ».

Le groupe est ensuite installé dans un bus, en direction d’un hôpital du nord de l’Ukraine afin d’être examiné par des médecins. En montant à bord, Tamara Mirochnikova se réjouit d’avoir parlé à sa mère et à ses enfants, ce qu’elle attendait « depuis deux ans et demi ».

« Je ne savais pas comment ils allaient, où ils étaient. Aujourd’hui, c’est le plus beau jour de ma vie », s’émeut-elle.

Un drapeau ukrainien enveloppant ses épaules, elle s’assoit à côté de Tetyana Bouhaï, dont elle s’était rapprochée pendant le siège de Marioupol. Après leur capture, les deux femmes n’avaient eu aucun contact. Elles se sont revues pour la première fois il y a quelques jours, dans un train les acheminant hors de Russie.

Enfin réunies, Tetyana et Tamara se prennent dans les bras et rient, saluant de la main les passants quand le bus traverse des villages. « Notre peuple nous accueille », s’enthousiasme Tetyana Bouhaï.

Toute à sa joie, elle préfère ne pas s’étendre sur sa détention, tout en admettant avoir connu des moments de désespoir. « Mais je me disais : “Allez, encore un peu”, et comme ça, petit à petit (…), je gardais espoir », raconte-t-elle.

Selon Tetyana Bouhaï, les responsables pénitentiaires russes lui répétaient que personne ne l’attendait ou ne voulait d’elle en Ukraine. Loin de son pays, elle a dû apprendre à se blinder.

Et a inventé un poème dédié à sa sœur : « Il n’y a pas d’air pour nous en captivité, on meurt tous sur une terre étrangère. Ma patrie, je ne veux pas oublier la terre sacrée, ma sœur, mon père ou ma mère. Ukraine, écoute-moi s’il te plaît, seule toi peut nous sauver. »

L’arrivée d’anciens prisonniers et prisonnières ukrainiens dans leur pays, après leur libération, le 13 septembre 2024.



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