les ambitions diplomatiques chinoises se heurtent aux réalités du Proche-Orient

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De gauche à droite, Mahmoud Al-Aloul, numéro 2 du Fatah, le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, et Moussa Abou Marzouk, un responsable du Hamas, à Pékin, le 23 juillet 2024.

L’attaque du 7-Octobre a ramené la Chine à sa position traditionnelle en soutien à la cause palestinienne, effaçant des années d’efforts de rapprochement économique avec Israël, et a montré les limites des ambitions chinoises de se poser en faiseur de paix dans la région. La dégradation des relations a été rapide après l’assaut sans précédent mené par le Hamas en octobre 2023, au cours duquel les membres du mouvement palestinien ont tué 1 200 personnes. La Chine n’a jamais condamné explicitement le Hamas, au grand dam de l’Etat hébreu.

Dans les mois qui ont suivi, la Chine, voyant grimper le nombre de victimes civiles dans la bande de Gaza, n’a eu de cesse d’appeler à un cessez-le-feu et de réitérer sa position en faveur de la solution à deux Etats. Ce rappel à sa posture historique, en soutien à la Palestine, que Pékin reconnaît depuis 1988, est également une manière de se poser comme l’un des leaders des Etats non occidentaux, alors que les opinions dans nombre de pays émergents et de pays arabes partagent le même écœurement à la vue des images provenant de la bande de Gaza depuis un an.

Les vains efforts pour réconcilier Hamas et Fatah

Israël était le premier récipiendaire d’investissements chinois au Moyen-Orient entre 2015 et 2018, une tendance qui avait déjà souffert par la suite des rappels américains au danger d’une présence chinoise dans des secteurs comme les télécommunications et les hautes technologies.

La Chine n’a jamais eu de prise sur le conflit israélo-palestinien, et elle a bien compris après le 7-Octobre que la situation n’était pas propice à ce que ses appels à la retenue soient entendus. Sans autre levier, elle se retrouve spectatrice, un revers au regard de son ambition de devenir un acteur déterminant des relations internationales.

Même à l’intérieur du camp palestinien, les efforts chinois pour se poser en médiateur d’une réconciliation entre le Hamas et le Fatah, qui se sont traduits par deux voyages de leurs délégations en Chine en avril et en juillet, n’ont pas permis de régler les contentieux profonds qui les opposent. La Chine avait réussi un coup de haut vol en se plaçant en facilitateur du rétablissement des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, annoncé à Pékin en mars 2023, mais cela était alors advenu en des temps plus calmes.

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La Chine peut toutefois se rassurer en constatant qu’en face, la grande puissance américaine n’est pas plus entendue de son allié israélien, dont le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, n’a aucun égard pour l’administration Biden, bien que celle-ci soit son premier fournisseur d’armes. L’impasse dans laquelle se trouvent les Etats-Unis ne peut que renforcer le discours chinois sur la nécessité d’en finir avec l’ordre américain. Pékin s’évertue à opposer cette situation à son propre concept, l’« initiative de sécurité globale », portée par le président chinois, Xi Jinping, depuis 2022, selon lequel la sécurité des uns ne peut se réaliser au détriment des autres, en opposition au réseau d’alliances américaines.



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