Le juge enquêtant sur les accusations de corruption visant Begoña Gomez, l’épouse du premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a étendu son enquête à de nouveaux délits potentiels et décidé de la convoquer à nouveau le 18 novembre, a annoncé mardi 29 octobre la justice espagnole. Le juge Juan Carlos Peinado « a accepté la plainte déposée » contre Begoña Gomez pour « appropriation illicite » d’un logiciel créé pour l’université dans laquelle elle travaillait et « exercice illégal » d’une profession, selon un communiqué du tribunal supérieur de justice de Madrid.
L’association HazteOir (« fais-toi entendre »), à l’origine de cette nouvelle plainte déposée fin juin, accuse Begoña Gomez d’avoir enregistré en son nom propre le logiciel, financé par des entreprises privées et destiné à un master qu’elle codirigeait. Cette université a mis un terme aux fonctions de Mme Gomez à la rentrée 2024.
« Tranquillité absolue »
L’épouse de Pedro Sanchez fait l’objet depuis avril d’une enquête pour corruption et trafic d’influence, ouverte après des plaintes déposées par HazteOir et Manos limpias (« mains propres »), deux associations réputées proches de l’extrême droite. Le juge Juan Carlos Peinado, chargé de cette enquête, l’avait déjà convoquée le 19 juillet. Begoña Gomez avait alors fait valoir son droit au silence, estimant par la voix de son avocat que « cette procédure » n’avait « pas de raison d’être ».
Mme Gomez, qui a dirigé pendant plusieurs années un master de management à l’université Complutense de Madrid, est soupçonnée d’avoir utilisé les fonctions de son mari dans le cadre de ses relations professionnelles, notamment avec Juan Carlos Barrabés, un homme d’affaires espagnol. Le juge Peinado a décidé de poursuivre son instruction, qui embarrasse depuis des mois l’exécutif, malgré deux rapports de la garde civile ayant conclu à l’absence d’infractions, mais aussi une demande de classement émanant du parquet fin avril.
Pedro Sanchez a affirmé mardi qu’il n’y avait « rien » dans les nouvelles accusations contre son épouse. S’exprimant lors d’une conférence de presse à Bombay au terme d’une visite officielle en Inde, il a fait part de sa « tranquillité absolue », ajoutant que « toutes les plaintes » qui ont été déposées contre sa femme émanaient « des mêmes organisations d’extrême droite ».
Interrogé mardi à l’issue du conseil des ministres sur ce nouveau développement judiciaire, le ministre de la justice, Felix Bolaños, a assuré de son « respect total pour le travail de la justice, des juges et des tribunaux » espagnols. Mais « tous les documents, tous les témoignages, tous les rapports » produits dans le cadre de cette enquête « montrent qu’il n’y a rien », a poursuivi ce proche de Pedro Sanchez.
Au moment de l’ouverture fin avril de l’enquête, Pedro Sanchez avait créé la surprise en suspendant ses activités pendant cinq jours et en disant songer à démissionner, affirmant que ces accusations étaient une manœuvre politique pour le déstabiliser. Il a lui-même été convoqué par le juge en tant que témoin dans cette affaire, mais a fait valoir son droit au silence, prévu par le droit espagnol lorsqu’une personne est interrogée sur des faits visant quelqu’un de sa famille.