Dans les décombres d’un immeuble de dix étages de la banlieue sud de Beyrouth, les secouristes libanais continuaient de chercher des corps, samedi 21 septembre au matin. La veille, peu avant 16 heures, au cœur de ce fief du Hezbollah, alors que les rues autour de la mosquée Al-Naïm étaient remplies d’habitants revenant du travail, après avoir récupéré leurs enfants à l’école, plusieurs missiles ont visé le sous-sol de l’immeuble, tuant Ibrahim Aqil, le commandant de la force d’élite Radwan, et des combattants du Hezbollah avec qui il était réuni.
Les carcasses de deux immeubles, réduits à l’état de poussière, se sont refermées comme un cercueil sur les miliciens, ainsi que sur les familles vivant aux étages. Dans un bilan provisoire, le ministère de la santé libanais a dénombré quatorze morts et soixante-six blessés, dont neuf dans un état critique. Pris de panique, et déjà terrorisés par une série d’explosions qui ont visé, mardi et mercredi, les systèmes de télécommunication du Hezbollah, au prix de trente-sept morts et de près de trois mille blessés, des habitants ont fait leurs valises et sont partis alors que les drones israéliens tournoyaient dans le ciel de Beyrouth.
Israël a choisi de n’offrir aucun répit au Hezbollah, et de balayer toutes les lignes rouges, afin d’amener, à tout prix, le parti chiite à cesser ses attaques contre son territoire. Au risque de précipiter une confrontation ouverte. En octobre 2023, peu après l’attaque du Hamas contre l’Etat hébreu, le Hezbollah a ouvert un front en soutien à la bande de Gaza, prise sous un déluge de feu israélien. Alors même que le Parti de Dieu n’a pas encore absorbé le choc de l’opération de sabotage israélienne du début de semaine, et que son chef, Hassan Nasrallah, a promis d’infliger en réponse à Israël « un terrible châtiment », la décapitation du commandement de la force Radwan est un nouveau revers de taille.
« Un grand leader djihadiste »
Dans la nuit de vendredi à samedi, le Hezbollah a confirmé la mort d’Ibrahim Aqil, le présentant comme « un grand leader djihadiste » et celle d’un autre haut cadre de la force Radwan, Ahmed Mahmoud Wehbe, dans la frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que la mort d’une quinzaine d’autres combattants, sans préciser ni leur unité ni le lieu de leur « martyre ». « Les commandants du Hezbollah que nous avons éliminés aujourd’hui planifiaient depuis des années leur 7 octobre [2023] à la frontière nord », avait affirmé, plus tôt, le chef de l’armée israélienne, le général Herzi Halevi.
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