l’effarement à Gaza, où règne « un niveau de destruction absolue »

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Dans la ville de Gaza, le 24 novembre 2023, alors que le cessez-le-feu temporaire entre Israël et le Hamas est entré en vigueur.

Vendredi 24 novembre à l’aube, quand les frappes israéliennes sur la bande de Gaza se sont interrompues, après quarante-neuf jours de bombardements, et que le bourdonnement des drones dans le ciel s’est tu, des dizaines de milliers de déplacés dans le sud de l’enclave ont repris le chemin du centre et du nord du territoire. Pour regagner leurs quartiers et s’enquérir de ceux qui n’ont pas voulu ou pu fuir ; de l’état de leur domicile ou pour tenter de retrouver des affaires parmi les ruines. Pour d’autres, il s’agissait d’inhumer leurs proches.

« C’est un soulagement. Il règne un calme absolu dans les rues, il n’y a plus de bruits de bombardements », témoigne depuis la ville de Rafah Ali (il n’a donné que son prénom), un ambulancier originaire de la ville de Gaza et déplacé à deux reprises dans le Sud depuis le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre par l’attaque du Hamas contre l’Etat hébreu. « C’est comme un retour à la vie, mais nous avons peur que cela recommence dans quatre jours [la durée pour l’instant négociée de la trêve]. C’est un mélange de joie et de tristesse, car beaucoup de gens cherchent avant tout à récupérer les corps de leurs proches pour les enterrer. »

Ce périple est à nouveau périlleux. Peu avant l’entrée en vigueur de la trêve, l’aviation israélienne larguait des tracts rappelant que « la guerre n’est pas finie ». « Un retour vers le nord est interdit et très dangereux. Votre sécurité et celle de vos familles sont entre vos mains. » Vers midi, au moins deux personnes ont été tuées et un certain nombre blessées par des tirs venus des positions israéliennes dans le quartier de Tal Al-Hawa. Deux nouveaux morts qui viennent s’ajouter aux 14 854 personnes, dont 6 150 enfants, qui ont péri sous les bombardements israéliens, selon le ministère de la santé de l’enclave palestinienne.

Des corps aux abords des hôpitaux

A Khan Younès, dans le Sud, le journaliste Ayman Algedi constatait également, avec effarement, le visage de désolation qu’offrait une partie de la ville : « C’est un niveau de destruction absolue. Nous avons vécu quatre, cinq guerres, mais nous n’avons jamais vu autant de destructions. » Sur les images qu’il filme, des habitations ratatinées succèdent à des rues défoncées. Maigre consolation : un filet d’eau s’échappe d’un tuyau qui sort d’un immeuble effondré. « Nous avons tellement soif… », dit-il.

« Je me suis promené dans la ville de Gaza peu après le début de la trêve. La destruction est totale. Maisons, bâtiments, mosquées, jardins publics, écoles, conduites d’eau, poteaux électriques, écrit l’éditeur Refaat Alareer. J’ai essayé d’atteindre l’hôpital d’Al-Rantissi, mais il y avait deux chars. Etonnamment, il n’y a pas d’envahisseurs israéliens à l’hôpital Al-Shifa. Les chars n’ont pas cessé de tirer sur les gens près d’Al-Rantissi et à Tal Al-Hawa. A Tal Al-Hawa, il y a des snipers près du jardin de Barcelone. Ils ont tiré sur quelqu’un qui s’approchait de sa maison », décrit-il.

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