Le Venezuela accuse les Etats-Unis de complot envers le président Maduro, Washington rejette des allégations « catégoriquement fausses »

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Le ministre de l’intérieur du Venezuela, Diosdado Cabello, donnant une conférence de presse le 14 septembre 2024 à Caracas, selon une photo diffusée par le ministère de l’intérieur et de la justice.

La crise entre le Venezuela et plusieurs pays de la communauté internationale prend une nouvelle tournure après les déclarations formulées samedi 14 septembre par Caracas qui accuse notamment les Etats-Unis d’être liés à un complot visant le gouvernement du pays.

Les autorités vénézuéliennes ont ainsi annoncé avoir arrêté trois Américains, deux Espagnols et un Tchèque, en lien avec ce présumé complot, faisant également état de la saisie de quelque 400 fusils en provenance des États-Unis. Le ministre de l’intérieur vénézuélien, Diosdado Cabello, a évoqué lors d’une conférence de presse un plan destiné à « générer de la violence » et « déstabiliser » le pays.

Selon lui, le président Nicolas Maduro, dont la réélection le 28 juillet est contestée par l’opposition et une partie de la communauté internationale, était la cible de ce complot présumé, en même temps que d’autres responsables de l’exécutif.

M. Cabello a pointé du doigt les services de renseignement espagnol et américain, ainsi que la dirigeante de l’opposition Maria Corina Machado. « Ils ont contacté des mercenaires français, ils ont contacté des mercenaires d’Europe de l’Est et ils sont en train de mener une opération pour tenter d’attaquer notre pays », a-t-il affirmé, ajoutant que les détenus étaient en train de passer aux aveux.

Détérioration des relations avec l’Espagne

Les plus de 400 fusils saisis étaient destinés « à des actes terroristes ici au Venezuela, un terrorisme encouragé par des secteurs politiques », a-t-il affirmé. « Nous savons même que le gouvernement américain est lié à cette opération ».

« Prétendre qu’il y aurait une implication des Etats-Unis dans un complot pour renverser Maduro est catégoriquement faux », a immédiatement réagi la diplomatie américaine par la voix d’un porte-parole du département d’Etat, déclarant avoir été informé de la « détention » par Caracas d’un « militaire américain » et évoquant des « informations non confirmées sur la détention de deux autres ressortissants américains ».

« Les Etats-Unis continuent de soutenir une solution démocratique à la crise politique au Venezuela », a écrit dans un courriel ce porte-parole.

Les relations diplomatiques entre Caracas et Washington sont exécrables et celles avec Madrid se sont nettement détériorées depuis jeudi après des déclarations de la ministre de la défense espagnole, Margarita Robles, qui a qualifié le Venezuela de « dictature ». Ces propos ont coïncidé avec la réception par le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, du candidat vénézuélien de l’opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia, arrivé en Espagne dimanche après avoir fui le Venezuela, où il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt.

Sanctions américaines contre Caracas

L’Espagne, comme l’ensemble des autres Etats membres de l’Union européenne (UE), réclame la publication complète des procès-verbaux émis par les bureaux de vote à l’issue de la présidentielle, ce que les autorités vénézuéliennes n’ont pas fait, disant avoir été victimes d’un piratage informatique.

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Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé M. Maduro vainqueur du scrutin, avec 52 % des voix. Mais l’opposition assure, sur la base des procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, qu’Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60 % des suffrages. Faute de résultats complets, les pays de l’UE se sont refusés jusqu’à présent à reconnaître un vainqueur.

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Les Etats-Unis ont, eux, annoncé jeudi des sanctions à l’encontre de seize proches de M. Maduro pour « entrave » au déroulement de la présidentielle. Caracas a immédiatement rejeté « avec la plus grande fermeté » ces mesures. Vendredi, le ministre de la défense, Vladimir Padrino, a assuré que les forces armées − un des rouages essentiels du pouvoir − n’étaient pas « corruptibles » et ne se laissaient pas « intimider par le fléau impérial » américain.

Le Monde avec AFP

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