« Le soutien que pourrait apporter le président Macron est important et attendu »

3198


Dans la torpeur de l’été, l’événement est passé inaperçu. Emmanuel Macron, installé au fort de Brégançon, a annulé son voyage, prévu début août, au Sommet sur l’Amazonie organisé par le président brésilien Lula. La raison invoquée était que la France ne faisait pas encore partie de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), qui compte huit pays et dont l’objectif est la lutte contre la déforestation.

Pas encore car, de retour à l’Elysée, le président français a annoncé qu’il allait solliciter cette adhésion. Grâce à la Guyane, la France est en effet le seul Etat de l’Union européenne (UE) à pouvoir prétendre rejoindre ce groupe.

Etait-ce une manœuvre dilatoire ? Imaginons quelques instants qu’il se soit rendu sur place : aurait-il tenu ses promesses de soutien faites aux peuples autochtones, dont les droits sont attaqués partout en Amazonie ? Des déclarations riches d’espoir qui ont valu au chef de l’Etat des portraits en « une » des journaux, au côté du célèbre chef brésilien Raoni.

Le rôle essentiel des peuples autochtones dans la protection des riches écosystèmes forestiers tropicaux n’est plus à prouver. Pourtant, aucun traité signé au cours de la décennie – y compris l’accord de Paris sur le climat – n’inclut des mesures concrètes permettant de mettre fin aux violations des droits de ces communautés locales. Et il n’en a été question ni dans le communiqué final du Sommet sur l’Amazonie ni dans le commentaire sur le sommet fait par Emmanuel Macron sur X [ex-Twitter], pas plus qu’ils n’avaient été mentionnés dans la feuille de route publiée en juillet et dont la mise en œuvre doit, selon le président français, transformer finalement un système économique qui a ravagé la planète.

Retrouver la rédaction d’origine

Pourtant, le soutien que pourrait apporter le président aux peuples autochtones est important et attendu. La question de la survie de l’Amazonie s’est en effet déplacée vers Bruxelles, où les dirigeants politiques de l’UE négocient actuellement la version finale de la directive sur « le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité ».

Or, ce projet censé contraindre les entreprises à mettre en place des procédures pour traiter les dommages environnementaux et combattre les violations des droits de l’homme qu’engendrent leurs activités a du plomb dans l’aile. Si le texte proposé par la Commission était déjà imparfait, il a encore été considérablement affaibli après les révisions effectuées par le Conseil de l’UE. Les Etats membres souhaitent supprimer la notion de droits fonciers et la référence à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée le 13 septembre 2007.

Il vous reste 56.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link