Le secteur français des télécoms se place pour la reconstruction de l’Ukraine

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Des Ukrainiens à l’abri dans une station de métro cherchent à obtenir des informations avec leur téléphone, à la suite d’explosions entendues dans le centre de Kiev, en Ukraine, le 25 mars 2024.

S’ils continuent de fonctionner au quotidien, les réseaux de télécommunications ukrainiens ont lourdement souffert des bombardements russes. Depuis le début de la guerre, en février 2022, environ 3 200 stations de téléphonie mobile et plus de 60 000 kilomètres de fibre optique ont été endommagés, pour un coût total de l’ordre de 2,3 milliards de dollars (2,1 milliards d’euros), estime le gouvernement ukrainien pour lequel leur reconstruction est prioritaire : comme l’énergie, les télécoms sont essentielles dans la capacité de résistance du pays et le seront tout autant pour la relance économique espérée après la guerre.

Même si les bombes frappent toujours, Kiev souhaite lancer dès à présent un chantier de reconstruction et de modernisation des réseaux télécoms et va s’appuyer pour cela sur l’expérience de la filière française. Mykhaïlo Fedorov, vice-premier ministre chargé de l’innovation, du développement de l’éducation, des sciences, des technologies et de la transformation digitale de l’Ukraine, a signé à Kiev, ce mercredi 10 avril, un accord avec InfraNum, la fédération regroupant plus de deux cents entreprises françaises des infrastructures du numérique, en présence de Pierre Heilbronn, envoyé spécial du président de la République française pour l’aide et la reconstruction de l’Ukraine.

« Je voyais beaucoup de pays se rapprocher de l’Ukraine en prévision de la reconstruction des infrastructures numériques. Cela m’a un peu piqué au vif quand on connaît le savoir-faire de la France dans ce domaine », explique au Monde Philippe Le Grand, le président d’InfraNum. Lancé en 2013, le plan France très haut débit a permis en dix ans d’apporter la fibre dans 84 % des locaux de l’Hexagone, faisant du pays l’un des plus fibrés d’Europe avec l’Espagne. En Allemagne, à peine un quart des foyers sont reliés à la fibre, le câble, technologie moins puissante, restant majoritaire.

« Une logique de développement et de coconstruction »

Ne voulant pas se laisser déborder par des concurrents américains, chinois ou européens, Philippe Le Grand a donc pris l’initiative au printemps 2023 de contacter Valeriya Ionan, la ministre ukrainienne de la transformation numérique, pour voir comment le secteur français des télécoms pouvait contribuer à la reconstruction des réseaux. « Nous n’avons pas une logique de vautour ni de rouleau compresseur pour imposer nos entreprises et notre organisation. Notre démarche se fait dans une logique de développement et de coconstruction », assure le président de la fédération.

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