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
Le Rwanda a annoncé, mardi 18 février, la suspension des programmes d’aide au développement belges dans le pays, accusant l’ex-puissance coloniale d’avoir pris fait et cause pour Kinshasa dans le conflit en cours dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
La Belgique, ancienne puissance coloniale à la fois de la RDC (ex-Zaïre) et du Rwanda, plaide pour une approche plus ferme contre Kigali et aurait fini par prendre les mesures ici anticipées, a réagi le chef de la diplomatie belge, Maxime Prévot. Fin janvier, alors que le Mouvement du 23 mars (M23) et les troupes rwandaises venaient de s’emparer de Goma, grande ville et nœud économique du Nord-Kivu, son pays avait demandé à l’Union européenne (UE) d’envisager des sanctions. Dimanche, le groupe armé et ses alliés se sont emparés de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu.
Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères rwandais a accusé la Belgique d’avoir mené une « campagne agressive, aux côtés de la RDC, visant à saboter l’accès du Rwanda au financement du développement, y compris auprès des institutions multilatérales ». « Politiser le développement est fondamentalement inacceptable », a ajouté la diplomatie rwandaise, dénonçant des mesures « qui ne peuvent être perçues que comme une ingérence extérieure injustifiée ». « En conséquence, le Rwanda suspend le reste du programme d’aide bilatérale 2024-2029 avec la Belgique », a-t-elle conclu.
Appels à la désescalade
Le budget de ce programme bilatéral est de 120 millions d’euros, selon le site de l’Agence belge de développement (Enabel). Maxime Prévot a signalé sur le réseau social X avoir pris « acte » de la décision du Rwanda, soulignant que la Belgique avait de son côté entamé une revue de l’ensemble de son programme bilatéral qui « aurait débouché sur des mesures relatives à [la] coopération que le Rwanda anticipe à présent ». Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP) sur une éventuelle rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, le ministre rwandais des affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a déclaré : « Nous avons suspendu la coopération au développement. Rien d’autre. »
Les appels de la communauté internationale à une désescalade se sont multipliés, en vain, sur fond de crainte d’une guerre régionale. Samedi, après que le Parlement européen a appelé à suspendre un partenariat sur les matières premières avec le Rwanda, l’UE a annoncé examiner « en urgence » toutes les options à sa disposition. Rien n’a été annoncé jusqu’ici.
Kinshasa accuse notamment Kigali de vouloir contrôler l’exploitation et le commerce de minerais – dont le sous-sol de l’est de la RDC est riche – utilisés dans les batteries et les équipements électroniques. Le Rwanda dément et affirme que sa sécurité est menacée par certains groupes armés présents dans la région, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d’anciens responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda.
Au total, le Rwanda perçoit environ 1,3 milliard de dollars d’aide internationale, un revenu substantiel quand ses derniers budgets annuels avoisinaient les 4 milliards de dollars.