Le Rwanda annonce avoir tué un soldat congolais et en avoir arrêté deux autres

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La frontière entre la RDC et le Rwanda, à Goma, en novembre 2022.

L’armée rwandaise a annoncé, mardi 16 janvier, avoir tué un soldat congolais et en avoir arrêté deux autres, qui avaient selon elle franchi la frontière et ouvert le feu, dans un contexte de relations très tendues entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC).

L’état-major des Forces armées de la RDC (FARDC) a confirmé ce bilan mardi soir dans un communiqué, tout en affirmant que les trois militaires « en patrouille » s’étaient retrouvés « par mégarde » sur le territoire rwandais. Plus tôt dans la journée, une source sécuritaire congolaise avait également confirmé les faits, mais assurait alors ne pas savoir si ces trois hommes étaient des « wazalendo » (miliciens dits « patriotes ») ou des éléments des FARDC.

Les trois Congolais sont entrés au Rwanda mardi vers 1 h 10 à partir des environs de Goma, la principale ville de l’est de la RDC, a affirmé l’armée rwandaise dans un communiqué. Un « soldat a été abattu alors qu’il tirait sur les patrouilles », a-t-elle ajouté, précisant ne déplorer aucun blessé dans ses rangs. Les membres « des FARDC avaient en leur possession un fusil AK-47, quatre chargeurs de 105 cartouches, un gilet de protection et des sachets de cannabis », a ajouté Kigali.

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« Cette situation de militaires congolais ou rwandais égarés et appréhendés sur le territoire rwandais ou congolais est fréquente », a de son côté estimé l’état-major congolais dans son communiqué signé de son porte-parole, le général Sylvain Ekenge. « Chaque fois, le Mécanisme conjoint de vérification [chargé notamment d’enquêter sur ce genre d’incidents frontaliers] a été mis à contribution pour leur rapatriement », peut-on encore lire dans le texte. Les FARDC « déplorent » que l’un de leurs militaires ait été tué. Les trois soldats « ont tout simplement franchi la frontière par inadvertance », insiste le communiqué.

« Escarmouche »

L’est de la RDC, frontalier du Rwanda, est le théâtre d’affrontements entre l’armée congolaise, alliée notamment à des milices locales et des sociétés militaires privées étrangères, et les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23), appuyés par l’armée rwandaise. Après avoir repris les armes fin 2021 et mis en déroute l’armée congolaise, la rébellion s’est emparée de larges pans des territoires de Rutshuru et de Masisi, dans le sud du Nord-Kivu, renforçant les tensions entre les deux pays.

En décembre dernier, tandis qu’il était en campagne électorale, le président congolais, Félix Tshisekedi – largement réélu depuis pour un second mandat –, avait déclaré qu’« à la moindre escarmouche », il réunirait les deux chambres du Parlement pour leur demander de « déclarer la guerre au Rwanda ».

La Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) a déployé des troupes dans l’est de la RDC en novembre 2022, à l’invitation des autorités de ce pays, mais Kinshasa a refusé que leur mandat soit prolongé, leur reprochant d’avoir cohabité avec les rebelles plutôt que de les combattre. La RDC a également demandé le retrait d’ici à la fin de cette année des casques bleus de la mission de l’ONU (Monusco), présente sur son sol depuis vingt-cinq ans, lui reprochant aussi son inefficacité.

Pour l’aider à combattre la rébellion, Kinshasa compte en particulier sur la force de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui a commencé à arriver à Goma mi-décembre. « La force de la SADC est bel et bien arrivée, elle est avec nous et sa mission est offensive », a affirmé mardi à Goma le lieutenant général Fall Sikabwe, coordonnateur des opérations militaires congolaises au Nord-Kivu, après une réunion avec des officiers de la force d’Afrique australe appelée « SAMIDRC ».

Le Monde avec AFP



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