L’excision, pratiquée dans une trentaine de pays en Afrique et en Asie, touche actuellement plus de 200 millions de filles et de femmes dans le monde. Pratiquée depuis plusieurs millénaires, elle est, depuis un siècle, de plus en plus dénoncée et combattue en raison de son impact sur la santé physique, psychologique et sexuelle des femmes, et du schéma patriarcal dans lequel elle s’intègre. Depuis 1990, le risque pour une fille de subir des mutilations sexuelles a été divisé par trois, selon les Nations unies, qui se félicitent des succès des campagnes de prévention. C’est une bonne nouvelle.
Hélas, le recul de cette pratique est menacé par la progression de sa « médicalisation », c’est-à-dire un recours aux professionnels de santé plutôt qu’aux praticiens « traditionnels », au nom de l’asepsie, de l’hygiène et de la suppression de la douleur.
Si les populations concernées voient cette implication de médecins comme un progrès et une meilleure maîtrise des risques, de nombreuses organisations militantes la jugent alarmante. Car les arguments sanitaires, qui ont été essentiels pour persuader des communautés de renoncer à cette pratique, perdent de leur puissance. Ainsi, en Egypte et en Indonésie, plus de 80 % des mutilations sexuelles féminines sont « médicalisées », mais le nombre de victimes reste stable depuis des décennies – autour de 90 % des femmes de ces pays.
La médicalisation est une forme d’excision qui se veut masquée ou réduite, alors que les séquelles, comme le traumatisme et les difficultés sexuelles des victimes, persistent. En outre, ces dernières, n’ayant pas de cicatrice, risquent de ne pas être crues et déclarées à tort comme non excisées. Enfin, sur le plan éthique, utiliser des compétences et un statut de professionnel de la santé pour perpétuer une pratique considérée comme une violation des droits humains est inacceptable.
Evolution rapide des mentalités
Si les mutilations sexuelles féminines ne sont pas pratiquées en France, cela ne signifie pas que nous ne sommes pas concernés. De nombreuses fillettes originaires de pays où ces pratiques sont répandues risquent d’y être confrontées lorsqu’elles y sont ramenées par leurs parents à l’occasion de vacances. Cela démontre la nécessité d’une lutte au niveau mondial, et pas seulement dans les pays concernés.
En France, environ 125 000 femmes résidentes ont subi des mutilations sexuelles. Il est par conséquent crucial de renforcer les mesures de protection maternelle et infantile envers les filles originaires des pays concernés risquant de subir ces pratiques dans leur pays.
Il vous reste 41.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.