Relancer l’internat et en faciliter l’accès pour les jeunes « à la dérive ». C’est par ces mots que le premier ministre, Gabriel Attal, a commencé son discours sur la jeunesse dans l’émission « L’événement », sur France 2, le 8 février. Une annonce qui avait été déjà été formulée par le chef du gouvernement lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, le 30 janvier. Rappelant que la France dispose de 50 000 places disponibles, il avait suggéré qu’elles soient attribuées aux jeunes « sur la mauvaise pente ».
« Nous allons leur offrir un cadre, un enseignement et une chance ! », avait-il scandé devant les députés. Une aide financière pour les familles a aussi été évoquée. Mais, du côté des chefs d’établissement, de nombreuses questions ont émergé : de quels jeunes parle-t-on ? Sur quels critères va-t-on se fonder ? Et quelle vision de l’internat défend-on, celle d’un internat éducatif ou celle d’un lieu de redressement et d’enfermement ?
Selon les chiffres donnés par le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse, à la rentrée scolaire 2022-2023, il y avait 228 068 places d’internat réparties dans 1 618 établissements (233 en collège, 941 en lycées et 366 en lycées professionnels). Parmi celles-ci, 176 682 sont occupées, soit un taux de remplissage de 77,4 %, contre 82,3 % en 2015.
Mesure interministérielle aux contours flous
Interrogé sur la mise en place de cette annonce, le ministère de l’éducation nationale botte en touche, expliquant que le dispositif est à construire en lien avec le garde des sceaux. La chancellerie confirme qu’il s’agit d’une mesure interministérielle, mais dont les contours sont encore flous. « L’idée, c’est de bâtir, en se basant sur les remontées du terrain (forces de l’ordre, élus locaux, travailleurs sociaux…), un projet d’internat pour les familles dépassées, souvent une mère seule », explique-t-on au ministère de la justice, tout en précisant que la décision reviendra aux parents.
« L’objectif est de proposer aux parents une prise charge de leur enfant sur une durée indéterminée pour leur enseigner l’autorité », ajoute la chancellerie, qui vise plutôt un public jeune, avant l’âge de 13 ans. « Il n’y a pas de limite légale d’âge parce qu’il n’y aura pas de loi, il s’agira d’une discussion avec les parents. Plus on intervient tôt, plus on peut agir avant d’entrer dans des réflexes de déscolarisation et de glissement vers la délinquance. » Il s’agit donc du volet social, à distinguer de la partie répressive, qui devrait s’inscrire dans la réforme de la justice des mineurs, explique le ministère.
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