« Le parti Rêve géorgien se montre sous son vrai jour, prorusse »

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En mars 2023, le parti majoritaire, Rêve géorgien, sous la pression des manifestants et les critiques de la société géorgienne, retirait la loi qu’il souhaitait instituer contre les « agents étrangers » et qui ciblait les ONG, la société civile et l’opposition.

Rêve géorgien réitère aujourd’hui sa tentative et, sous prétexte de « transparence », réintroduit au Parlement cette même loi avec l’objectif inchangé de se doter d’un outil qui imposera aux ONG percevant plus de 20 % de leur financement en provenance de l’étranger, réputées être des « agents de l’étranger », d’établir une déclaration, d’être enregistrées… pour être ensuite muselées.

La société géorgienne s’inquiète des raisons exigeant des ONG une transparence paradoxalement absente des circuits financiers qui entourent le pouvoir et laissent prospérer les intérêts financiers du milliardaire Bidzina Ivanichvili (dont la fortune est estimée à un cinquième du produit intérieur brut de la Géorgie), ancien premier ministre et actuel président d’honneur de Rêve géorgien.

Pour les analystes attentifs à la scène politique géorgienne, les signes annonciateurs d’une dérive du pouvoir étaient patents. Parmi ces signes, la convocation par le parti majoritaire de la haute cour pour juger anticonstitutionnels les déplacements de la présidente, Salomé Zourabichvili en… Europe, et qui devait conduire à son impeachment… pourtant avorté, au grand dam de Rêve géorgien. D’autres lois ont été adoptées, ou restent à l’être, pour conforter le parti au pouvoir, dans la perspective des élections parlementaires prévues à l’automne.

Mêmes pratiques, même objectif

C’est le cas de l’amendement au code électoral, adopté en février, qui modifie l’élection du président de la commission centrale électorale, la composition de la commission et la suppression de la vice-présidence qui revenait, jusqu’alors, à un représentant de l’opposition. C’est le cas aussi du vote en procédure accélérée, le 19 avril, de la modification du code des impôts, qui autorise à rapatrier les fonds déposés à l’étranger et permet de les soustraire à d’éventuelles sanctions occidentales. Ce pour le bénéfice des oligarques géorgiens, en particulier du premier d’entre eux, Bidzina Ivanichvili.

Les manifestations récurrentes qui mobilisent depuis début avril des milliers de participants, dont un grand nombre de jeunes, n’ont eu pour seule réponse qu’une contre-manifestation de Rêve géorgien [le 29 avril]. Qui a rappelé le « bon temps » de la période soviétique : des contre-manifestants, « conviés » par leur hiérarchie, payés, nourris, transportés.

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