« Le pacte vert risque de disparaître peu à peu de l’agenda politique européen »

4975


Boussole politique de la Commission von der Leyen, le pacte vert survivra-t-il aux récentes élections européennes et aux recompositions politiques qui secouent non seulement la France, mais aussi de nombreux pays voisins ? Ce paquet de réformes lancées fin 2020 pour atteindre la neutralité carbone et découpler notre économie de l’utilisation de ressources fossiles est en effet loin d’être achevé. Si les principales mesures climatiques ont été adoptées, elles doivent maintenant être mises en œuvre. Et sur les questions de biodiversité, d’alimentation saine et de lutte contre les pollutions, plusieurs textes ont été rejetés ou ajournés.

Lire aussi la chronique | Article réservé à nos abonnés « En Europe, la transition écologique est sur la sellette »

La question n’est pas anodine : il en va de notre capacité collective à garantir des conditions de vie décentes à l’ensemble des citoyens et aux générations futures. Quand la vie politique de nos démocraties demeure très nationale, la transition écologique implique de nombreuses décisions politiques prises à l’échelle européenne.

Incomplet et surtout très perfectible, le pacte vert a néanmoins offert à l’Europe politique ce qui lui manquait le plus : une ambition commune et une vision systémique de la crise écologique. Percuté de plein fouet par la crise du Covid-19 puis par la guerre en Ukraine, le pacte a tout de même survécu. Mais il a aussi subi une déferlante de critiques venant des lobbys agricoles mais aussi de nombreux groupes d’intérêt et de partis populistes. Ont notamment été pris pour cible les textes sur la réduction des pesticides et la restauration de la nature, le développement des énergies renouvelables qui « ruineraient nos paysages », ou l’objectif de sortie du moteur thermique en 2035, qui signerait « la fin de l’industrie automobile européenne ».

Jeu de plus en plus complexe

A l’échelle des Etats, le pacte vert a plutôt brillé par son absence des campagnes électorales dans la plupart des pays, éclipsé – comme la crise écologique elle-même – par d’autres enjeux : la vie chère, la sécurité, l’immigration… A l’exception notable de la Pologne, où il a été décrié par les conservateurs comme un « plan allemand » visant à désindustrialiser le pays, dont le mix énergétique demeure bien plus carboné, et où la coalition de Donald Tusk ne l’a pas vraiment défendu. A contrario, le cas italien montre qu’une fois arrivés au pouvoir, les populistes ne rejettent pas nécessairement le pacte vert en bloc : l’Italie poursuit ainsi l’investissement dans la transition énergétique et les renouvelables suivant ses intérêts bien compris.

Il vous reste 56.3% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link